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Impressionnisme et mode au Musée d'Orsay

Les impressionnistes ont été des peintres du paysage et aussi de la société de leur époque. Et donc des toilettes du Paris de la fin du XIXe siècle. Le Musée d'Orsay nous montre comment ils ont rendu compte d'un phénomène naissant : la mode (jusqu'au 20 janvier 2013)
Article rédigé par franceinfo - Valérie Oddos
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Temps de lecture : 4min
Albert Bartholomé, Dans la serre, 1881, à côté de la robe portée par Madame Bartholomé dans le tableau
 (RMN (Musée d'Orsay/Hervé Lewandowski) et © Musée d’Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt)

Quand on dit « impressionnistes » on pense à des paysages aux lumières changeantes, à des reflets sur l’eau. Les impressionnistes ont aussi peint des figures humaines, se faisant les témoins de leur époque. Ils ont représenté les femmes, notamment, traduisant une certaine élégance parisienne.

L’exposition du Musée d’Orsay se penche sur cet aspect très particulier de la peinture impressionniste, la mode. A côté de leurs peintures, le musée expose des vêtements et accessoires d’époque, prêtés par le musée Galliera de la mode. Une quarantaine de tenues de la période 1860-1885 qui ont été nettoyées et restaurées pour l’occasion.

La mode à l'heure des grands magasins

C’est l’époque où naît la mode, où les revues spécialisées se développent, tout comme les grands magasins qu’a décrits Zola dans « Au Bonheur des dames ».

Edouard Manet, La Dame aux éventails, 1873
 (RMN (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski)

Le visiteur est accueilli par deux tableaux représentant des femmes lisant des illustrés. Celle d’Edouard Manet est assise dans un jardin, de face, vêtue de noir et tête couverte (« Liseuse. La lecture de l’illustré »). Celle de Pierre-Auguste Renoir, rousse, est à l’intérieur, de dos, dans un fauteuil rouge (« Jeune femme lisant un journal »).

Suivent des gravures de mode et une galerie de robes qui permet d’apprécier la qualité des tissus et du travail : des soies ou des cotons tombant sur des crinolines dans un luxe de fronces et de plis. Plus loin, on verra une collection de chapeaux, des ombrelles, des souliers de satin assortis, de la lingerie.

A la fin du XIXe siècle, sous leurs robes, les élégantes Parisiennes empilaient en effet une chemise, un corset qui étranglait la taille pour faire ressortir la poitrine, un corsage, une culotte, un jupon.

Madame Charpentier, un chef-d'oeuvre de Renoir

Renoir et Manet ont merveilleusement traduit les transparences des manches qui laissent apparaître la chair, le mouvement des silhouettes dans les étoffes, les empilements de plis. Ils rendent compte des modes et des attitudes des Parisiennes dans leur environnement quotidien. A la maison, au jardin, au théâtre...

Le Metropolitan Museum de New York a accepté de prêter le somptueux portrait de « Madame Charpentier et ses enfants » de Renoir (1878). Le noir est déjà à la mode. Madame Charpentier, assise dans son salon, laisse traîner une longue robe noire par terre. Tout est matière dans ce tableau, les tissus, les tapis, la peau blanche des enfants aux boucles rousses, le pelage du gros chien sur lequel l’un des deux est assis.

Pierre-Auguste Renoir, Jeune femme à la voilette, 1870
 (Musée d'Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt)

Manet peint aussi « La Parisienne » en pied, dans une grande robe noire, comme « La femme au gant » de Carolus Duran.

L’été, ce sont des robes de mousseline blanche que les jeunes femmes déploient dans les jardins. Berthe Morisot a particulièrement bien rendu leurs transparences et leur lumière.

« Nana », de Manet, détonne au milieu de toutes ces tenues. Plus déshabillée que les autres, l’actrice Henriette Hauser qui a servi de modèle se maquille, l’air coquin, en jupon et en corset de satin bleu. Tandis que son protecteur l’attend, assis sur un sofa.

Une scénographie excessive

Les personnages ne sont peut-être pas ce que Claude Monet, paysagiste extraordinaire, a le plus réussi. Et à la fin de sa vie, il n’en produisait quasiment plus. Pourtant quand il peint son « Essai de figure en plein air » en 1886, la figure féminine semble se fondre dans le paysage, ses traits sont à peine esquissés, son écharpe au vent est réduite à quelques reflets et sa jupe blanche se dilue dans la lumière rose. Finalement, est-ce la « mode » qu’il peint ?

La scénographie de l’exposition est très marquée et on peut se demander si elle apporte quelque chose. Les chaises de velours rouge qui bordent la deuxième salle, la musique qui accompagne le visiteur peuvent paraître superflues. Le décor de la dernière pièce, où sont présentés les tableaux de plein-air, est certainement de trop. Faux gazon synthétique au sol, bleu ciel aux murs, bancs de jardin et pépiements d’oiseaux n’ajoutent rien à la fraîche atmosphère des « déjeuners sur l’herbe » et autres « femmes au jardin ».

L'impressionnisme et la mode, Musée d'Orsay, 1 rue de la Légion d'Honneur, 75007 Paris
tous les jours sauf lundi, 25 décembre et 1er janvier, 9h30-18h, le jeudi jusqu'à 21h45
tarifs : 12 € / 9,50 €

jusqu'au 20 janvier 2013

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