Gustavo Lins s'enflamme pour le flamenco... version couture
"J'ai passé la première moitié de ma vie au Brésil, l'autre en Europe. Je voulais faire un point, voir où j'en suis", explique-t-il dans son atelier du Marais, quelques jours avant son défilé.
Etudiant en architecture, fasciné par Gaudi, il décroche une bourse de doctorat et s'envole pour Barcelone. C'est là qu'il apprend les bases de la couture, lors d'un stage en atelier. Son directeur de thèse l'encourage: "Il m'a dit qu'il y avait plusieurs façons d'être architecte. Sur soie, cuir, coton ou laine. Et que mon sujet serait le corps humain". De ses débuts, il raconte avoir joué la mousseline avec le cuir parce qu'il cherchait à associer des matériaux qui lui "soient propres": "Je voulais singulariser ma grammaire", dit-il. Cet ancien modéliste pour les grandes maisons, Kenzo, Vuitton ou Gaultier, veut produire des "vêtements qui tiennent la route", sans trop se soucier des saisons. Il se sert de ganses de cuir pour "plomber" le vêtement, pour qu'il tombe à merveille mais aussi vieillisse en douceur. "Toute ma réflexion sur le vêtement vient de l'archi, de ma connaissance du kimono et de la peinture pour la palette", explique-t-il. Cette saison, il ne présente pas un seul kimono, pièce obsédante dont tout son travail "est dérivé", choisissant d'unir le Japon et l'Espagne.
Gustavo Lins s'est inspiré des robes à volants andalouses, en se débarrassant des volants. Ses "gitanes de très grand luxe" arborent des jupes qui s'évasent en quille, la hanche marquée. "J'ai gardé les proportions de ces robes qui allongent la silhouette et le mouvement, comme celui des danseuses qui ouvrent soudainement la jupe avant de taper le pied de manière très virile". Autour du jeu du masculin/féminin, il a prévu 35 "passages" dont, comme à son habitude, six silhouettes masculines.
Un vestiaire parfois unisexe
Le couturier s'amuse aussi à faire porter le même manteau, aux mêmes dimensions, aux deux sexes. "Sur l'homme, il est ajusté à l'épaule, façon militaire", dit-il, démonstration sur sa personne à l'appui. Sur la mannequin, la même pièce prend de l'ampleur, se fait plus enveloppante et souple. Sa démarche est à l'opposé d'un Yves Saint-Laurent "qui prend une coupe masculine et la féminise avec un jeu de coupe, de pinces, de bascules, de coutures cachées". Pourtant, "je viens un peu de cette histoire", reconnaît le Brésilien.
Sur le confort, il est catégorique: "Les femmes veulent des robes T-shirt, faciles et légères. Le XXe siècle c'est fini, comme tout ce qui est corseté". Et puis, "on revient à l'aisance, car l'époque est très dure. Il ne faut pas en rajouter". Côté couleurs, il garde toujours en tête la luminosité. "Quand la lumière est forte comme au Brésil, que le soleil brûle, il faut soutenir les couleurs. Sous un ciel parisien, ces couleurs deviennent criardes, moches", dit-il. Sa collection en déclinaison de noirs et teintes de pierres précieuses, présente ainsi, le plus souvent, une couleur saturée, voilée de gris. En France depuis 22 ans, "je suis définitivement devenu un gars de l'hémisphère Nord, totalement civilisé".
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