Paris Fashion Week : la ministre de la Culture Roselyne Bachelot lance une semaine de la mode en grande partie numérique
Sur les six griffes qui dévoilaient leur collection printemps-été 2021 ce 28 septembre, quatre sont des nouveaux entrants au calendrier officiel qui accueille cette saison 84 maisons.
Les jeunes créateurs lancent la première journée de la semaine de la mode parisienne ce 28 septembre avec des présentations digitales, un format choisi par la plupart des marques en raison de la crise sanitaire, mis à part quelques ténors qui seront bien présents.
Pour la première fois, la ministre de la Culture a tenu une allocution en amont de l'événement sur la plateforme de la Fédération de la haute couture et de la mode. Pour Roselyne Bachelot, cette Fashion Week est "un signal encourageant pour l'ensemble du secteur durement frappé par la crise sanitaire" : "Le ministère de la Culture est mobilisé pour soutenir les acteurs de la filière de la mode qui bénéficiera de mesures spécifiques dans le cadre du plan France Relance", a-t-elle ajouté. Ce lancement a été suivi par une prise de parole de l'actrice américaine Sharon Stone.
Quatre nouveaux créateurs en lice
Sur les six griffes qui dévoilaient leur collection ce 28 septembre après-midi, quatre sont des nouveaux entrants au calendrier officiel qui accueille cette saison 84 maisons. Signe que Paris reste la place où il faut se montrer, en dépit de la progression du Covid-19. Les deux autres maisons sont Kimhékim et Name Kurogouchi.
Parmi les quatre nouveaux, Situationist : cette maison fondée en 2015 par Irakli Rusadze, en Géorgie, se situe sur les traces de son compatriote, Demna Gvasalia, directeur artistique de Balenciaga, qui avait quitté il y a un an sa marque Vetements aux forts messages politiques et sociétaux (désormais hors calendrier). Auteur ces dernières années de silhouettes puissantes, vues à Milan, inspirées des femmes géorgiennes pendant la période post-soviétique, Irakli Rusadze est aussi défenseur de la communauté LGBT dans ce pays marqué par les traditions patriarcales.
Le style scandinave débarque avec la créatrice danoise Cecilie Bahnsen, finaliste du prix LVMH et ex-collaboratrice de John Galliano, qui lui a donné le goût pour le romantisme et qui "adore l'idée qu'on puisse porter une robe de bal avec une simple paire" de baskets. La Londonienne Wales Bonner, connue pour son style mixant culture noire et tradition britannique, intègre la Fashion Week à Paris où elle avait remporté en 2016 le prix LVMH. Elle était devenue la première femme récompensée par ce prestigieux trophée.
"S.R. Studio. LA. CA", marque fondée par l'artiste multidisciplinaire américain Sterling Ruby qui avait collaboré avec le styliste belge Raf Simons sur de nombreux projets pour Dior et Calvin Klein, clôture la première journée du prêt-à-porter féminin printemps-été 2021.
"Cela va éteindre certains excès"
"La précédente Fashion Week entièrement digitale nous a laissés tous orphelins d'une forme très vivante du spectacle", a déclaré l'historien de la mode Olivier Saillard, pourtant pas convaincu que l'heure est venue de refaire des défilés. "C'est beaucoup d'efforts que l'on doit bien sûr saluer, mais s'il n'y a pas d'acheteurs américains, asiatiques, pas de journalistes, à quoi bon ?", s'interroge-t-il. Pour lui, la crise sanitaire changera la manière de présenter la mode à l'avenir. "Il y aura moins de défilés, moins de collections croisière, on ne va pas tous repartir à l'autre bout du monde pour voir une collection de 15 minutes. Cela va éteindre certains excès. Tout le monde s'est recentré sur ce qu'il savait faire, c'est une forme d'introspection qui est bonne pour les maisons : moins mais mieux", ironise-t-il.
Même son de cloche chez la Turque Ece Ege à la tête de sa marque Dice Kayek : après quatre ans de pause car elle ne supportait plus la frénésie des semaines de la mode, elle est de retour à Paris avec un film. "Les films ou les expositions permettent d'exprimer qu'il y a d'autres choses dans votre univers que les robes, quelque chose que vous voulez raconter à travers le vêtement. Un film est toujours là, contrairement au défilé où vous mettez votre vie, toute votre énergie, votre fortune pendant six mois et puis cela dure huit minutes et personne n'a rien compris", résume-t-elle.
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