Paris Fashion Week féminine : la griffe chinoise Ruohan réinvente avec délicatesse le style minimaliste
Diplômée de la Central Saint Martins et formée au sein du studio The Row, la créatrice Ruohan Nie est l’un des jeunes talents à suivre du design chinois. Depuis 2023, la marque Ruohan qui a remporté le Yu Prize 2022, défile deux fois par an à la Paris Fashion Week.
Fondée en 2021, elle est l’expression d’une vision moderne du luxe mêlant simplicité et élégance. "Enrichir la vie avec un esprit sans effort n’est pas seulement un slogan mais une philosophie qui se reflète dans chaque création" explique la créatrice qui puise son inspiration dans ses voyages, l’art, la littérature et les structures esthétiques qui l’entourent.
Dévoilé à l"Espace Lafayette Anticipations le 24 septembre en 42 looks, le défilé a débuté au son de carillons de xylophones et de harpes, avant de poursuivre sur les timbres plus profonds des violoncelles, des cors, des trompettes et des flûtes. Dès l'arrivée dans le lieu, on comprend qu'ici la musique a toute son importance lorsqu'on entrevoit les musiciens cachés derrière un voile transparent à moins de deux mètres du passage des mannequins.
"J'ai étudié le piano et le violoncelle dès mon plus jeune âge. Depuis la création de ma marque, j’ai toujours voulu que Ruohan incarne une identité cohérente, avec une logique intrinsèque. Ainsi, à chaque collection, même si l’inspiration change, la structure suit toujours une certaine rigueur, souvent influencée par la musique, comme la sonate, par exemple" explique-t-elle.
Les silhouettes, qui sont inspirées par des instruments de musique, sont déclinées dans une palette de couleurs qui va de la dualité du noir et du blanc à des teintes plus douces, beige sable, marron clair et tons terreux avant de culminer dans un bleu marine profond et un or lumineux. "Pour cette collection, inspirée par le contrepoint, nous avons étudié les formes des instruments et les variations de leurs couleurs à travers le temps. Les itérations du design ont donné lieu à des boutons aux contrastes positifs et négatifs, des accessoires rappelant des boîtes à musique, des bijoux aux teintes métalliques évoquant les instruments".
Les matières sont riches en textures : du jersey mat au lin plissé à la main d’aspect métallique, du coton-soie imprimé de lignes de portée au cachemire. Le denim marron foncé et bleu marine ajoute profondeur et contraste. Du doux et du rigide ensemble, ces tissus reflétant l’interaction harmonieuse entre fluidité et forme à l’image de la composition "C" de Terry Riley jouée par les 22 musiciens lors du défilé. "L’abstraction des partitions a été extrêmement importante pour cette collection, se traduisant par des plis travaillés à la main et un tissage de fils colorés".
Les matières utilisées ont toute leur importance : "elles sont principalement des fibres naturelles, telles que le coton, la soie, le lin (pour l’été) et le cachemire (pour l’hiver). À partir de ces bases, nous explorons diverses variations. La soie provient majoritairement de Chine, où nous effectuons des traitements sur mesure avec nos usines partenaires ; le coton et le cupro proviennent du Japon, tandis que la viscose et certaines pièces en laine mélangée sont originaires d’Italie. En ce qui concerne le cachemire, nous avons collaboré avec ERDOS, l’un des principaux fournisseurs situés en Mongolie intérieure, en Chine. Suite à cette collaboration, nous avons maintenu une relation étroite afin d’intégrer ces matières dans chacune de nos collections" souligne-t'elle.
On perçoit que le show a été voulu comme une expérience méditative. Ce n’est pas seulement un défilé de mode ; c’est une réflexion, une invitation à faire en quelque sorte une pause dans notre vie trépidante. On ne croit pas si bien dire comme le mentionne la créatrice : "La pause en musique est le moment où le musicien reprend son souffle signalé par divers symboles. Nous avons étudié ces symboles dans les partitions et les avons transposés dans les silhouettes de nos vêtements. La pause structure le début et la fin de la musique. Le musicien marque un arrêt, puis reprend avec un tempo et une humeur différents, tout comme nous devrions le faire dans notre vie quotidienne".
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