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Entre écologie et questions de genre, foisonnement créatif au Festival de Hyères

Entre aspirations écologiques, interrogations sur le numérique ou les codes du vestiaire masculin, la nouvelle génération de créateurs a laissé libre cours à sa créativité au Festival international de mode à Hyères, marqué par une forte présence japonaise.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Les créations du japonais Akino Kurosawa au Festival de Hyères 2016
 (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Lors de cette 31e édition, qui s'achèvera lundi, dix finalistes de 23 à 34 ans ont présenté leurs collections au jury mode, présidé par le directeur artistique de Paco Rabanne, Julien Dossena, avant de se confronter à la presse.

Les créations des Finlandais Hanne Jurmu et Anton Vartiainen au festival de Hyères 2016
 (BERTRAND LANGLOIS / AFP)
"Nous prenons les matériaux qui nous entourent", expliquent les Finlandais Hanne Jurmu et Anton Vartiainen, deux stylistes formés à l'université Aalto à Helsinki, critiques face à la surproduction de l'industrie de la mode. Dans leur collection masculine, qui recycle des tissus trouvés ici et là, ou voués à être jetés, l'homme est un cow-boy hippie qui porte des vestes couvertes de pétales de fleurs, des chaussures faites de cordages et de bois, des chapeaux en peaux de melons séchées.
Les créations de Clara Daguin au festival de Hyères 2016
 (BERTRAND LANGLOIS / AFP)
Avec ses silhouettes aux allures d'androïdes, portant des fibres lumineuses qui s'allument au rythme des battements du coeur, la Franco-Américaine Clara Daguin, 28 ans, a voulu rappeler la place de l'être humain dans un monde de plus en plus numérique. Ses vêtements, uniformes sombres aux coupes nettes, s'ouvrent par endroits sur des broderies recréant l'intérieur du corps. Des perles Swarovski brodées sur de l'organza représentent des circuits électroniques.

Le Japonais Shohei Kinoshita a choisi l'humour pour parler du narcissisme et de l'obsession contemporaine des selfies. Il parsème ses vêtements à l'esthétique kitsch d'un logo à lunettes inspiré de son visage, qu'il a aussi imprimé sur les voiles roses couvrant la tête de ses modèles. Un foulard qui n'est "pas vraiment" une référence au voile islamique, explique le designer de 27 ans mais une réflexion sur l'attitude "des jeunes filles qui diffusent leur image sur Twitter et Instagram tout en voulant protéger leur vie privée".
Les créations du Japonais Shohei Kinoshita au festival de Hyères 2016
 (BERTRAND LANGLOIS / AFP)
Pour le président du jury Julien Dossena, qui avait été distingué à Hyères en 2006, "les interrogations (des jeunes stylistes) ont changé" en dix ans. "Il y a maintenant des considérations sur l'écologie, qui, au départ, touchaient la mode de façon superficielle", souligne le créateur de 33 ans, soulignant le rôle du festival comme "première plateforme d'expression pure, détachée de toutes les contingences marketing et commerciales".

Tester les limites de la mode masculine

Dans une édition où la mode homme représente quatre collections sur dix, les vestiaires se confondent parfois. Le Japonais Shohei Kinoshita reprend les costumes masculins de danseurs des années 1980, qu'il brûle par endroit, déchire et déconstruit, pour les adapter à la femme.

La Suissesse Clémentine Küng questionne la virilité, en mêlant vestiaire militaire, jupes longues et fleurs pixellisées façon camouflage. "J'aime bien créer des contrastes et des interrogations. Pourquoi les hommes ne porteraient pas des robes, des choses qui sortent du jean et t-shirt ? Ces questions sur le genre sont très actuelles", souligne la styliste de 30 ans, issue de la Haute école d'art et de design de Genève.
Les créations de la Suissesse Clémentine Küng au festival de Hyères 2016
 (BERTRAND LANGLOIS / AFP)
Le Japonais Wataru Tominaga a lui aussi voulu "tester les limites de la mode homme", avec sa collection aux couleurs éclatantes, jouant sur les contrastes d'imprimés et les volumes produits par les tissus froncés. "Je trouve que la mode masculine peut être plus fun, comme la mode femme !", dit-il.

Membre du jury, le créateur de chaussures Pierre Hardy se dit "incroyablement surpris par le niveau" des finalistes et se réjouit de l'inventivité des collections masculines. "L'homme est encore un champ de la création en mode qui est très enfermé dans des schémas qu'on connaît bien", souligne-t-il. "Quand je regarde un film comme L'Homme de Rio avec Belmondo, grosso modo je m'habille comme lui, et tous les hommes ici aussi, à part deux, trois exceptions!" "Je trouve ça marrant de voir des gens qui, d'un seul coup, proposent de faire le contraire. Il y a des bons gros clichés masculins, et là je trouve qu'ils les dépassent", estime le créateur.

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