Enchères à Londres : la mode, passion secrète de Margaret Thatcher

Christie's organise en parallèle jusqu'à mercredi la vente en ligne de 200 objets ayant appartenu à celle qui fut la seule femme à avoir été Premier ministre du Royaume-Uni. L'ensemble des lots, propriété de la famille de Margaret Thatcher, pourrait rapporter 700.000 euros, a indiqué Orlando Rock, président de Christie's au Royaume-Uni. Cette somme reste modeste par rapport aux millions d'euros que peuvent atteindre les toiles de maîtres mises en vente par cette maison. "Il est plutôt inhabituel pour nous qu'un si grand nombre d'objets soient abordables pour un très grand nombre de personnes", note M. Rock.

Ces pièces vendues au profit des enfants de la Dame de Fer, Mark et Carol, ainsi que de ses petits-enfants, avaient été au préalable proposées au Victoria and Albert Museum de Londres, le plus important musée du monde en matière d'arts décoratifs et de design. Mais l'établissement a refusé de les exposer.

Reportage: L.de la Mornais, A.Prugnaud, E.Dherbomez, N.Bootby

Une passion secrète pour les vêtements

Présentée au public depuis vendredi au siège londonien de Christie's, la collection fournit "un éclairage aussi bien public que privé sur la trajectoire d'un titan politique", souligne Christie's. Elle permet de découvrir un trait de caractère méconnu de Margaret Hilda Thatcher : fille de couturière, "Maggie" avait "une passion secrète pour les vêtements", explique Meredith Etherington-Smith, conservatrice chez Christie's.

"Quand elle était enfant, sa soeur et elle avaient pour habitude de fabriquer des vêtements. Et quand elle est devenue la première femme Premier ministre, elle a utilisé les vêtements pour mettre son pouvoir en valeur", dit-elle. "A chaque fois qu'il devait y avoir une photo, elle était magnifiquement habillée, impeccablement coiffée, avec un joli sac à main. Elle avait l'air de ce qu'elle était : quelqu'un de puissant". Certains lots constituent de véritables pièces d'histoire, comme le tailleur bleu qu'elle portait en 1990 pendant un discours devant le Parlement au cours duquel elle résuma, par une formule devenue célèbre, sa réponse à un élargissement de l'union monétaire européenne : "non, non, non".

En voyage, Margaret Thatcher étudiait avec soin la couleur de ses tenues, de façon à correspondre au pays visité -en Pologne, le vert de l'espoir; en Israël, un tailleur bleu pâle avec une bordure crème couleurs proches du drapeau national. "Tout était très planifié", souligne Mme Etherington-Smith. "Au cours des congrès de son parti, elle portait toujours des tailleurs bleus très stricts", une manière d'incarner son autorité légendaire.
   

La valise rouge contenant les documents confidentiels des Premiers ministres

Le rouge était de mise pendant ses voyages aux Etats-Unis : "c'était la couleur du parti républicain de Ronald Reagan", explique Mme Etherington-Smith. La "relation spéciale" qu'elle entretenait avec ce dernier occupe une place importante dans la collection. On y trouve une statue d'un pygargue à tête blanche, le rapace qui symbolise les Etats-Unis, un cadeau de Ronald Reagan évalué entre 7.000 et 11.000 euros. Parmi les pièces les plus emblématiques figurent la valise en cuir rouge contenant les documents confidentiels des Premiers ministres, estimée entre 4.200 et 7.000 euros, des copies signées de certains de ses discours-clé ainsi que des vêtements dont sa robe de mariée, des sacs à main et des bijoux.