En marge de la Fashion Week de Londres, de jeunes talents alternatifs s'activent
C'est dans un espace industriel -accessible via un magasin de disques de Soho- que trois designers ont préparé leurs mannequins avant de les faire défiler au milieu de jeunes branchés. Il s'agissait du défilé phare organisé par la plateforme créative On/Off qui présente des créateurs alternatifs depuis 2002 et a donné un coup de pouce à des marques britanniques reconnues comme Gareth Pugh, J. W. Anderson et Roksanda.
C'est devenu une sorte de passage obligé avant qu'un créateur ne parvienne à figurer dans le calendrier officiel de la semaine de la mode qui garantit l'intérêt des médias et acheteurs internationaux. Parmi ces créateurs figurait le jeune diplômé Timothy Bouyez-Forge qui a présenté une collection de tuniques et robes aux formes improbables, à la manière de plastique modelé, pulvérisées de couleurs vives, et dont les liens et attaches étaient remplacés par des sangles industrielles ou des rivets.
Le talent brut
"Cela porte sur le talent brut et donne au talent brut l'opportunité d'être vu", a expliqué Lee Lapthorne, le directeur créatif de On/Off. Pour lui, ce genre de défilés, souvent organisés à la hâte avec des budgets réduits, des installations spartiates, des collections limitées mais une bonne volonté à foison, est vital pour la réputation créative de Londres et contre-balance les grands noms comme Burberry ou Topshop. "Ce qui manque à Londres actuellement selon moi c'est ce pour quoi Londres était connu - cette énergie nerveuse et presque punk que Londres avait, que McQueen a apporté, que Galliano avait" aussi, a-t-il dit à l'AFP. "Londres a dû devenir une grande ville de la mode et a dû penser davantage au côté business, légitimement d'ailleurs. Mais, en même temps, je pense que ça manque de liberté et d'expression créative", a-t-il regretté, estimant que beaucoup sont aujourd'hui "lassés par la fashion week".Londres, lieu de naissance de talents émergents
On/Off est l'une des initiatives visant à soutenir les talents émergents qui sont, pour la plupart, aidés financièrement par le British Fashion Council. Certaines, comme les programmes de sponsoring the Fashion East et NewGen, sont financées par Topshop. "La semaine de la mode de Londres et la mode britannique sont connues comme le lieu de naissance des talents émergents", a affirmé la patronne du BFC Caroline Rush. "C'est formidable que nous ayons des entreprises prospères, des marques qui développent leurs affaires à l'international. Mais beaucoup de gens sont aussi évidemment enthousiastes à l'idée de voir de la nouveauté", a-t-elle dit.Non loin de l'espace de On/Off se trouve la Painting Rooms Presentations qui propose pour sa 3e saison des défilés dans une galerie centenaire près de Covent Garden. Parmi les créateurs figurent la chinoise Xiao Li, qui s'est fait un nom avec ses vêtements volumineux, et le canadien Steven Tai qui a présenté un look androgyne sur des modèles à l'allure d'adolescentes. Initiée par l'agence de relations publiques The Wolves, la Painting Rooms Presentations propose deux créateurs en même temps, l'un participant au calendrier officiel de la Fashion week et l'autre pas. "Cela aide à faire venir un public qui ne viendrait peut être pas autrement. Et vice versa, beaucoup de gens aiment beaucoup regarder ce qui se passe dans le Off et évite le calendrier officiel", a confié le responsable des relations publiques Stephen Lawton.
Et si tous les créateurs alternatifs ne se feront pas une place parmi les grands, tout défilé au moment de la Fashion Week peut aider. Timothy Bouyez-Forge confie qu'il espère que son défilé aura assez de succès pour lui permettre de continuer à créer. Quant au calendrier officiel, "c'est décidé par des gens beaucoup plus haut placés mais je peux tout à fait essayer", a-t-il dit.
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