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Défilés masculins: rencontre avec les élégants dandies zombies de Yohji Yamamoto
Article rédigé par
franceinfo
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Corinne Jeammet (avec AFP)
France Télévisions
Publié le 23/01/2015 10:32
Mis à jour le 06/12/2016 06:30
C'est Yohji Yamamoto qui raffle mon coup de coeur pour la 2e journée où 11 créateurs dévoilaient leurs collections automne-hiver 2015-16. Le créateur japonais montre que tout en restant fidèle à lui-même et à l'élégance bohème qu'il prône depuis toujours, il sait, encore, apporter le petit twist qui change la silhouette, même si elle est toute de noire vêtue !
PIXELFORMULA/SIPA
Maquillés avec des cicatrices, les yeux cernés, les cheveux teints par endroits, les mannequins du défilé Yohji Yamamoto avaient des allures zombies mais en version dandy. Le look entièrement noir si cher au créateur japonais est bien entendu de rigueur. Ce noir, tout à la fois élégant et moderne, qu'il affectionne depuis toujours, peut être aussi branché. Ici coutures à l'envers et superpositions de couches de vêtements sont de mises pour une silhouette toujours élégante avec nonchalence. Le créateur joue aussi avec les couleurs : une touche de rouge sur le devant d'une veste, des vestes mêlant différentes tonalités bleues, faites de matières contrastées en patchworks et de toiles déchirées. Une collection qui joue sur l'idée du souvenir et de l'inachevé dans un esprit bohème !
(FRANCOIS GUILLOT / AFP)
Issey Miyake a présenté un homme incontestablement élégant qui n'oublie pas pour autant le confort. La soie, japonaise, est à l'honneur dans le vestiaire proposé par Yusuke Takahashi, D.A. de la marque, de même que les motifs de tartan qui se retrouvent sur un châle ou un pull. "J'ai voulu créer un style plus élégant. Généralement, les collections Issey Miyake sont plus sport. Mais j'ai essayé de créer un style plus pointu et architecturé dans cette collection", a commenté le créateur. Il s'est inspiré de l'architecte et designer écossais Charles Rennie Mackintosh, célèbre pour ses créations aux lignes épurées. Des lignes noires dessinent des formes géométriques sur un manteau, se croisent à angles droits sur des chaussettes roses ou violettes. Des carreaux s'impriment sur des costumes sombres, en ton sur ton. Des motifs de roses et de gouttes d'eau viennent donner une touche plus féminine, sur des sacs, des chaussures, de longs foulards, ou une chemise en soie qui fait clasher du rouge et du bleu électrique. Mais cette élégance n'oublie pas le confort, avec des baskets et des "slip-on", chaussures de sport sans lacets, mises en valeur par des pantalons au-dessus de la cheville, droits, bouffants ou type jogging.
(FRANCOIS GUILLOT / AFP)
Dries Van Noten a fait défiler un bohémien à la silhouette empruntant à la fois à l'univers militaire, au punk et aux traditions de tribus chinoises, avec des superpositions, des vestes matelassées, des kilts, des broderies argentées. "On a surtout travaillé sur les décorations du vêtement, qui sont parfois militaires, parfois des protections, parfois aussi ethniques", explique à l'AFP le créateur belge après le show, où dominaient le noir, le marine et le bordeaux. "C'était intéressant de trouver les similitudes" entre ces vêtements, commente Dries Van Noten, qui s'est inspiré d'un livre du photographebritannique Jimmy Nelson, "Before They Pass Away" ("Avant qu'ils ne disparaissent") sur les peuples autochtones. La bande sonore, "Be my Baby", était une "chanson d'amour pour Paris", a commenté le designer.
(PATRICK KOVARIK / AFP)
L'Américain Rick Owens reste fidèle au cuir et à sa palette de tonalités neutres comme le beige et le noir. Sa collection austère et mystique comprend des pardessus croisés à larges revers, des manteaux matelassés, des vestes et cuirs zippés, des vestes teintes en lainage berbère. Mais ce créateur qui n'en est pas à sa première provocation a aussi fait défiler deshommes en tuniques déstructurées, dont certaines se parent de trous au niveau du buste ou de l'entrejambe, laissaient apparaître furtivement l'intimité des mannequins…des images aussitôt abondamment commentées sur les réseaux sociaux.
(PATRICK KOVARIK / AFP)
Boris Bidjan Saberi présente une collection intitulée Heimat qui surprend par sa gamme colorée puissante et audacieuse explorant une palette de gris neige, rouges cochenille et noirs charbon. Se référant au vestiaire militaire et disséquant la fonctionnalité des groupes communautaires auxquels il fait référence, Boris Bidjan Saberi explore une garde-robe métissée : des costumes traditionnels bavarois jusqu’aux silhouettes drapées d’ascensionnistes. Détournée de son usage initial, le vestiaire montagnard se pare d’une esthétique nouvelle, mêlant la sophistication d’un détail travaillé à la rusticité de matières râpeuses mais protectrices. Parkas aux rouges cambouis éclaboussés, vestes en cuir aux coutures suturées, capes aux volumes enveloppants. Les vestes de costumes taillées dans des cotons abrupts complètent les jerseys passe-montagne carmins et les chemises de popelines. Combinaisons et bleus de travail se déconstruisent, vestes militaires se parent de gibecières latérales et les Lederhosen sont réinventés en une déclinaison de matières hétéroclites : lainages, peaux et soies sont à l’honneur.
(Christophe Ena/AP/SIPA)
Le créateur croate Damir Doma, qui défile également pendant la semaine de la mode féminine, a proposé un vestiaire épuré, élégant et chic. Les silhouettes minimalistes du jeune styliste, ancien collaborateur du Belge Raf Simons, s'adressent à un homme urbain. La palette est déclinée dans des tonalités élémentaires de pierre et de céramique dans des lins, des cotons, des double face de cachemire, des laines fines. Ici pas de détails inutiles : boutons, broches et ceintures essentiellement. Tout est dans les détails judicieux.
(Shoji Fujii)
Le Britannique Kim Jones, D.A. des collections hommes de Louis Vuitton, a rendu hommage à son compatriote Christopher Nemeth, en déclinant les motifs emblématiques de ce designer décédé en 2010. Des fils entrelacés sont représentés en très gros plan, comme vus au microscope. Ils forment des graphismes végétaux, qui se retrouvent sur des manteaux, des duffle-coats, des sacs. Sur des pulls, ils deviennent des rosaces. La collection était dominée par les tons camel et gris et faisait une large place à la maroquinerie, avec des sacs, sacs à dos et pochettes. Des broches, formées d'épingles dorées et de boutons, venaient accessoiriser la silhouette. Kim Jones a qualifié Christopher Nemeth de "créateur londonien le plus important avec Vivienne Westwood". "Il incarne Savile Row, la rue, le club... ses créations définissent Londres. Il a eu une formation artistique et a été illustrateur avant d'arriver à la mode, et cela fait écho à mes débuts", explique encore le D.A. dans les notes de collection. "Je constate l'influence de son travail dans énormément de collections, et pourtant peu de gens le reconnaissent. C'est la raison pour laquelle, alors que nous approchons du cinquième anniversaire de sa mort, je voulais rendre hommage, haut et fort, à la vie et l'oeuvre de Christopher Nemeth".
(FRANCOIS GUILLOT / AFP)
(PATRICK KOVARIK / AFP)
Créé en 2002 par Maroussia Rebecq, Andrea Crews est un collectif artistique qui agit entre art & mode en fédérant stylistes, dessinateurs, musiciens, vidéastes et performeurs. Combinant plusieurs aspects de la création contemporaine, il met en scène ses collections sous forme de performances, happenings ou vidéo clips. En opposition à l’uniformité dominante, Andrea Crews met en valeur la créativité personnelle, l’expérimentation et l’indépendance. Les activités de la marque s’articulent autour de trois points forts résultants de son slogan: Fashion, Art, Activism. Cette saison, c'est un hommage à la voiture, une Opel. Il a insrcit son logo un peu partout : en print façon all-over, sur des capes-poncho, sur des manteaux impression rubber, en silicone sur néoprène, des sweats, sur des bonnets couleur argent ou motif flamme….
(Andrea Crews)
(DR)
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