Cuirs et imprimés, premières tendances de la mode masculine été 2014, à Milan
Milan compte de grands absents -Burberry Prorsum, Enrico Coveri et Moschino- qui ont préféré Shanghai à la capitale italienne de la mode. En revanche, des créateurs prometteurs font leur apparition : les Italiens Andrea Incontri et Andrea Pompilio, le spécialiste allemand des défilés-spectacles Philipp Plein ainsi que le Chinois Jiwenbo. Pour la 1re fois, Dolce et Gabbana - qui ont été condamnés en 1re instance à Milan pour fraude fiscale - ne figurent pas au calendrier officiel car ils ne sont pas membres payants de la Chambre nationale de la mode. Cela ne les empêche pas d'organiser leur défilé.
Atout cuir !
Gucci a couvert d’imprimés floraux ses mannequins. Cette exubérante décoration rappelle les tissus d'ameublement du XVIIIe siècle français. Fidèle à sa tradition équestre, la maison florentine propose des pantalons d'équitation. La silhouette est effilée et sportive mais adoucie par le décor floral et les couleurs flamboyantes. Pour les matières : de la soie pour la veste-chemise mais aussi du cuir omniprésent (même pour les T-shirts) et du coton. La directrice de la création Frida Giannini dessine un homme au style élégant mais informel.
Silvia Fendi propose une traversée du désert en faisant défiler ses mannequins sur des tonnes de sable jaune déversées dans un hangar. Les cuirs, spécialité maison, sont omniprésents : même les tennis blanches sont en cuir d'autruche ! La veste militaire fait très "renard du désert", surtout accompagnée de chaussures en cuir style camouflage: jaunes mouchetées de bleu.
Etro a puisé son inspiration dans l'univers des cow-boys mexicains : coiffés de sombreros, ils sont harnachés de cuirs ornés de broderies auxquels se mêlent des tissus anglais traditionnels. L'orange domine, les pantalons sculptent la jambe, dont le galbe est souligné comme les épaules par des incrustations de métal. Les imprimés s'inspirent de l'art naïf, alors que le motif cachemire version noir et blanc est esquissé.
Chez Trussardi, Gaia Trussardi a succédé à Umit Benan et décline le cuir : "une matière souple et durable traitée comme du tissu". "Un clin d'oeil aux années 90 avec l'attitude et l'énergie des années 80". Toute la garde-robe est en cuir lavé et froissé : vestes, bermudas, chemises, pantalons, sans oublier la combinaison icône-maison. Le marcel est en cuir gris, le costume en python orangé ou alors en mélange.
Modernité !
Souffle de modernité technologique chez Emporio Armani avec une collection baptisée "Digital" ("Numérique"). Giorgio Armani prône "une manière différente de se vêtir : essentielle, pure, contemporaine et visuelle". Les boutons ont disparu, substitués par des zips et des pressions. Les coutures sont réduites. Le pantalon est droit, avec 2 pinces au bassin par souci de confort et se porte avec une veste-chemise de shantoung. Motif récurrent, l'hexagone et les transparences Les cuirs sont une seconde peau. Le perfecto reste noir mais on peut le choisir en tissu.
Miuccia Prada a mis en rencard le pantalon slim supplanté par une version à la largeur surprenante. Si le costume est classique, la veste reste près du corps et s'arrête haut sur la taille. Grain de fantaisie et d'exotisme avec des chemises colorées aux motifs floraux ou géométriques dans une version épurée aux couleurs chatoyantes. Autre inspiration: l'univers de la boxe, auquel sont empruntés le short en satin baggy et les chaussures montantes en cuir.
Bottega Veneta, l'Hermès italien, a proposé "un look contemporain, net et précis". Les vestes de costumes, courtes sur la taille, sont ajustées et les pantalons étroits et fuselés. « Ma collection se base sur les contrastes plus que sur toute autre chose", a expliqué le directeur de la création Tomas Maier, qui joue sur le mélange des genres en créant des hybrides: le gilet-chemise, la chemise foulard, la veste-blouson...
Pour la maison florentine Salvatore Ferragamo, Massimiliano Giornetti s'est concentré sur "la simplicité énergique". Une énergie et une vitalité perceptibles sous les blousons matelassés, les petites vestes et les pardessus minimalistes. L'allure est sportswear... Mohair, coton et cuirs sont déclinés en tons neutres éclairés de flashs de couleur.
Imprimés
Missoni, le roi italien de la maille, s'est inspiré des couleurs vives de l'Afrique de l'Ouest, notamment l'indigo du Bénin mais aussi sable, terracotta, argile et kaki... Côté accessoires, les ceintures sont en cuir tressé et les écharpes colorées à motifs ethniques. Les petits costumes sont à chevrons et les pulls à motifs géométriques.
Ambiance ethnico-chic chez Vivienne Westwood, qui a combiné la splendeur de l'Inde des Maharadjahs (bijoux, turbans, couleurs) à la perfection sartoriale des tailleurs de Savile Row. La créatrice, fidèle à son credo militant et écologiste, a profité de son défilé pour dénoncer la censure frappant wikileaks et l'exploitation outrancière des matières premières en Inde.
L'ambiance était au chic rock'n'roll où le duo Dolce&Gabbana s'est inspiré des splendeurs de la Sicile antique. Temples à colonnades, médaillons à l'effigie de Zeus ou Apollon ou des paysages à la végétation luxuriante ornent les imprimés. Cette résurrection de l'âge d'or de la Sicile s'écrit sur de la soie, du lin, du shantoung ou du coton. Essentiellement du blanc, du beige, du marron et du noir, parsemés de rouge, bleu vif, argent et or.
Chez Ermenegildo Zegna, le nouveau styliste Stefano Pilati (ex Saint Laurent) a proposé une réinterprétation des traditions maison. La silhouette est classique mais le détail est là: martingale intégrée à la veste dont la présence n'est soulignée que par les coutures, revers drapés des manches de veste. Le pantalon découvre la cheville, le short s'arrête à mi-cuisse, la veste de costume se marie avec un pantalon fluide "pyjama". Une touche d'années 80 : les épaules sont carrées. Les matières sont luxueuses et les couleurs mettent en appétit.
La créatrice allemande Jil Sander a choisi « le touriste par accident, équilibré et le coeur léger". Le bermuda XL tourne à la jupe-culotte, les couleurs flashent. La reine du minimalisme dessine une silhouette très structurée. Le pantalon s'arrête à mi-mollet, les coupe-vents sont renforcés aux épaules.
Donatella Versace propose une collection sensuelle tendance "Village People": chemises transparentes en voile brodé, mini slip noir à porter avec un déshabillé ou un gilet en dentelle. Orange fluo, vert sous toutes ses formes. On opte pour une saharienne à porter avec des sandales à la romaine à l'effigie de la méduse, le logo maison.
Chez Costume National, le styliste Ennio Capasa propose un "chic minimal et rock'n'roll". "Mon cow-boy des villes déambule dans les rues du monde entier", résume-t-il. Matières légères (lin, popeline de coton) ou sensuelles (lurex, cuir). Pour l'ambiance rock, une série de perfectos noirs en cuir ou en... coton! Au-delà du noir, les couleurs sont estivales.
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