Mode : comment Virginie Viard s'approprie les codes de Gabrielle Chanel pour sa première collection croisière en solo
La directrice artistique de Chanel, qui succède à Karl Lagerfeld, a façonné pour la collection croisière 2020 une allure où la sophistication se construit dans l’épure avec l’exigence du détail. Explications.
Dans la lignée de Gabrielle Chanel et de Karl Lagerfeld, Virginie Viard poursuit avec la collection croisière 2020 l’histoire de la maison et du voyage. Le 3 mai, la Nef du Grand Palais à Paris a été transformée en une gare parisienne de style Beaux-Arts, avec ses quais et son café-restaurant. La maison Chanel coutumière des décors hors du commun a fait cette fois-ci preuve de retenue pour la collection croisière 2020. Si Virginie Viard, qui succède à Karl Lagerfeld, a utilisé le vocabulaire maison, elle a cependant prôné confort et fonctionnalité, simplicité et élégance pour ce premier défilé réalisé en solo.
Un après Karl Lagerfeld tout en douceur
L’esprit de Mademoiselle est toujours là, celui de Karl Lagerfeld aussi. Les grands classiques sont présents et la veste en tweed n'échappe pas à la revisite : le tailleur iconique, créé par Gabrielle Chanel dans les années 1950, s'offre deux, quatre ou six poches, se décline avec ou sans col, avec des épaules douces et arrondies ou, au contraire, carrées et nerveuses. Courte ou longue, droite ou croisée de pans drapés, ceinturée d’une chaîne entrelacée de cuir, la veste se ganse de galons.
Virginie Viard offre de la féminité aux vestes et grands pantalons à double boutonnage en gabardine ou en coton huilé, aux trenchs à capuche ou amples manteaux froncés à la taille fermés parfois d’une ceinture chaîne. Sous les vestes, des débardeurs en mousseline brodés de fleurs et des bustiers qui brillent de sequins et de fleurs pailletées. On note aussi des leggings en jersey, des minijupes, et des jupes trapèze. Associé à un pantalon de cuir ou de toile, le tweed est très présent sur des tops rebrodés de sequins ou rehaussés d’un grand col volanté en organdi.
Une féminité toute en légéreté
On retrouve de Coco Chanel le noir tranchant sur l’écru et le blanc, les linges anciens, les cols Berthe et les nœuds. De Karl Lagerfeld, les chaussures bicolores, les mauves, les rhodoïds et les mousselines fleuries. Cette collection fournit aussi des pistes sur le propre regard de Virginie Viard.
Des ganses et des noeuds de satin, des camélias blancs, des jours échelles, des finitions ouvragées évoquent le linge de lin ancien et des cols Berthe amovibles en organdi renforcent le charme de la silhouette. La légèreté est au rendez-vous avec des jupes à volants de mousseline imprimée de carreaux, des robes à bretelles en mousseline fuchsia ou bleue à motifs végétaux. des robes asymétriques en lin et organdi et des robes longues en broderie anglaise noire.
Le soir, les tabliers en lin blanc ou noir deviennent des fourreaux à col chemise amovible ourlés de la chaîne Chanel ou brodés de fleurs. Portée avec un pantalon en toile, une chemise masculine en popeline se transforme en top à dos nu, taille haute smockée et volantée. Virginie Viard imagine une longue robe en dentelle blanche rebrodée de fil d’or, puis une seconde en dentelle bleu nuit dont le décolleté échancré laisse apparaître un grand noeud de satin noir.
Des clins d'oeil aux voyages en train
La Directrice Artistique déconstruit les mécanismes des horloges des gares : leurs cadrans démultipliés à l’infini dessinent la guipure bleu marine d’une robe longue quand leurs aiguilles sont brodés au décolleté d’une autre en dentelle blanche.
Les gourdes de voyage en métal sont gainées d’un étui en cuir matelassé avec chaîne bandoulière. Les sacs 11.12, eux, optent pour le cuir matelassé verni et le tweed brodé de fleurs ou sont parfois munis d’une poignée. Pour le voyage, des bagages 24 heures en denim ou cuir, un maxi sac de marin à poches et un sac à dos en trois parties, des sacs bananes en cuir tricolore et des pochettes multifonctions. Une pochette coussin en coton blanc est brodée d’horloges tandis que la lampe de cheminot est détournée en minaudière en résine strassée.
Les collections croisière ou comment vendre du rêve
A l'origine conçues pour les riches clientes américaines séjournant dans des lieux de villégiature ensoleillés pendant les mois d'hiver, et destinées à être livrées en octobre-novembre, les collections croisière sont devenus des rendez-vous incontournables pour l'industrie de la mode. Dior a fait défiler la sienne en avril à Marrakech, Vuitton a rendez-vous avec New York le 8 mai. Elles permettent de faire le relais entre les traditionnelles collections printemps-été et automne-hiver présentées lors des Fashions Weeks de septembre et mars, répondant à une soif permanente de nouveautés à une époque où les réseaux sociaux bousculent les rythmes.
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