Ben fait défiler les "mots" de la mode
Ben abonde en idées nouvelles et le prouve une nouvelle fois à Montélimar. L’exposition "Je suis ce que je suis " actuellement au Musée d’Art contemporain dévoile une centaine d’œuvres et se clôt de manière exceptionnelle par un défilé de mode. Rôles inversés, ce ne sont plus les visiteurs mais bel et bien les toiles qui parcourent la salle.
Reportage : France 3 Rhône-Alpes / H. Chapelon / P. Perrel / I. Murat
"J’ai trop d’idées"
"La création, c’est une chose libre !" déclare Ben. Aussi, après avoir écrit dix films conceptuels et fondé la Revue "Tout ", instauré en précurseur de la Newsletter un billet d’information dès 1958, élaboré un site Internet d’une originalité sans nom, organisé des débats, participé à la mouvance du Mail Art et affiché ses écritures sur des fournitures scolaires, Ben insatiable, innove à nouveau en se réinventant couturier.
A l'image de son personnage, Ben révèle une collection pour le moins osée et farfelue. Composées en matérieux recyclés, trente robes se déclinent autour de petits noms décalés: "Pourquoi pas ce soir" laisse entrevoir par deux trous les seins de la mannequin tandis que la pièce maitresse de tout défilé, la robe de mariée, est une tringle à rideaux sur laquelle les mots "haine" et "amour" se battent en duel.
"C’est né lorsqu’on montait l’exposition autour d’un verre avec Ben. (…) De deux, trois robes dans son atelier, il en a fait plus d’une cinquantaine pour Montélimar", explique son assistant Thomas Wierzbinskit, soulignant ainsi sa naturelle extravagance et le talent qui en découle. Eternel provocateur, ce dernier s’amuse avec ces robes et ajoute d’un air plein de malice : "celle-là je l’ai achetée dans un sex shop ! ".
"Je ne sais pas qui je suis…"
Phrase amusante et pleine d’ironie, celle-ci est fidèle à son auteur qui depuis 1960 n’a jamais cessé d’interroger dans son œuvre les notions fondamentales que sont l’égo et la vérité.Dès sa naissance à Naples le 18 juillet 1935 d’un père suisse et d’une mère irlandaise, celui-ci semblait destiné à un avenir artistique en portant le même prénom que son arrière grand père, le peintre Marc Louis Benjamin Vautier.
Après avoir parcouru de nombreux pays comme l’Egypte, la Turquie ou encore la Suisse durant la seconde guerre mondiale, Ben s’installe avec sa famille à Nice en 1949. Quelques années plus tard, il ouvre une boutique qui, rebaptisée par la suite "Le Laboratoire 32" puis "Galerie Ben Doute de Tout", devient rapidement le repaire des artistes fondateurs de l’Ecole de Nice comme Arman, Martial Raysse et César. Convaincu que "tout est art", Ben devient dès lors un véritable touche à tout et choisit comme atelier le monde entier.
Et maintenant chanteur ?
Son défilé de mode ne dénote pas avec l’ensemble de son œuvre. "Ben récupère tout, recycle tout, donc aller chercher des vêtements chez l’abbé Pierre pour les personnaliser, on peut s’y attendre dans son travail", s’exclame un connaisseur.Surprise qui n’en est pas une ? Le plasticien n’a pas dit son dernier mot, bien décidé à ne plus seulement être, comme il le dit lui-même, "le peintre qui fait toujours des écritures". A 81 ans, Ben s’avère être encore ce grand rêveur et se voit déjà pousser la chansonnette : "Je vais devenir chanteur de blues, j’ai envie de chanter". Plasticien, couturier et bientôt parolier ? Ben n’a pas finit de nous étonner.
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