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A la découverte d'un personnage méconnu, "la Grisette" à la Maison de Balzac

Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet
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Temps de lecture : 2min
La « Grisette », cette jeune couturière à la fois sage et coquette, envahit au XIXe siècle la littérature, les beaux-arts ou la chanson. La Maison de Balzac présente la première exposition consacrée à cette figure. Romances enregistrées à l’occasion de l’exposition, peintures célèbres et gravures moins connues… la diversité des oeuvres fait écho à la variété des activités de la grisette et à sa perpétuelle métamorphose.

Si la Grisette des dictionnaires est une étoffe grise portée par les femmes, la grisette des romans, des chansonniers et des dessinateurs ne porte que rarement cette étoffe-là et n’est pas toujours aisée à reconnaître. L’élégante Ida Gruget, grisette parisienne « type » selon Balzac, porte un châle cachemire et des souliers très fins, ce qui suggère un protecteur aisé. Par la suite, ces attributs, le châle « cachemire », deviennent ceux de la lorette (femme entretenue). Le bonnet coquet, la robe d’indienne, le tablier ou le petit châle que place la grisette « en guise de rideau », le chapeau du dimanche, deviennent des emblèmes avec lesquels jouent auteurs et dessinateurs. Ainsi, les fins souliers suggèrent la féminité de la grisette mais aussi le caractère léger et furtif de cette figure qui parcourt la ville.

La Grisette, une jeune femme qui aime aussi les petits plaisirs
Jeune ouvrière du textile, « elle travaille chez elle, loge en boutique et va en ville » selon les uns. Pour les autres, elle apparaît comme le point central d’une constellation qui conduit de la bergère à la courtisane, en passant par les milieux de la bohème. Peut-on la définir par le châle en cachemire dont elle rêve ou par son petit chapeau ? On la fait volontiers vivre dans un grenier, recréé dans la Maison de Balzac. Mais l’exposition évoque aussi ses plaisirs, car la grisette apprécie les parties de campagne et les courses à âne, les spectacles populaires, le bal et ses danses échevelées. On la croise dans les rues et passages parisiens.

On s’accorde au début du XIXe siècle pour faire de la grisette une figure de femme au travail. Blanchisseuse, couturière, brodeuse ou fleuriste, elle travaille à domicile, en atelier ou en magasin. Mais si le travail apparaît comme condition nécessaire au qualificatif de grisette, il n’est pas condition suffisante.

Le parcours de l’exposition
Une centaine d’oeuvres (peintures, caricatures, faïences, livres et journaux illustrés, partitions, échantillons d’étoffe) sont réunies en un parcours décliné suivant cinq thèmes, au coeur de la représentation de la grisette au temps de Balzac (1815-1850). A noter une pause interactive: pour chaque section, des chansons de la première moitié du XIXe siècle ont été interprétées par Le Hall de la chanson, et font l’objet d’une diffusion sous des bonnets sonores. Il suffit de s'installer pour écouter ces chansons et plonger dans une douce  nostalgie !
« Elle coud, elle court, la Grisette » jusqu’au 15 janvier 2012. Maison de Balzac. 47, rue Raynouard 75016 Paris. Tél. : 01.55.74.41.80. Musée ouvert de 10h à 18h, fermé le lundi et les jours fériés.

Joseph-Désiré Court, 1844
 (@RMN)
Capote en rubans de soie rose froncés sur une armature métallique vers 1845-1850
 (@Stéphane Piera)
Constantin Guys (1802-1892) Jeune femme
 (@RMN)
Eugène Morisseau, La grisette, 1832
 (@musée Carnavalet)
Gavarni La grisette 1840 @Maison de Balzac
 (@Maison de Balzac)
Paire d'escarpins à bout carré  et tige en satin vers 1835-1845
 (@Galliera)
Lanterne magique, instrument de vision projetant un dessin de la grisette
 (Corinne Jeammet)
Le châle, pièce vestimentaire clef de la grisette
 (Corinne Jeammet)
Ensembles de coiffes
 (Corinne Jeammet)
Tableaux représentant la grisette
 (Corinne Jeammet)
Tabouret-coiffe du parcours sonore diffusant des chansons
 (Corinne Jeammet)

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