William Shakespeare trouvait-il l'inspiration dans le cannabis ?
Les pipes venues de son jardin ne recelaient pas que du tabac ordinaire.
La médecine légale à l'appui de la critique littéraire. Des scientifiques sud-africains ont analysé ce qui se trouvait dans les pipes à tabac exhumées du jardin de Stratford-upon-Avon de William Shakespare (1564-1616). Et ils y auraient trouvé du cannabis, affirme le journal britannique The Independent, citant une revue scientifique sud-africaine, le South Africain Journal of Science.
Les substances chimiques contenues dans les tuyaux et fourneaux de ces pipes datant de plus de quatre siècles ont en effet été analysées à Pretoria, selon une technique sophistiquée appelée la "chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectométrie de masse". La chromatographie permet de séparer les composés d'un échantillon. La spectométrie les détecte et les identifie en fonction de leur rapport masse-charge.
Nicotine et cocaïne étaient déjà présentes en Angleterre
Que fumait-on dans l'Angleterre du début du XVIIe siècle ? Plusieurs sortes de tabac, y compris la "Nicotinia" d'Amérique du Nord (d'où l'on tire la nicotine), et de la cocaïne obtenue à partir de feuille de coca du Pérou. Cette plante péruvienne aurait été ramenée par l'explorateur Sir Francis Drake (1540-1596) après son voyage en Amérique du Sud. Dans un livre de botanique publié en 1597 évoquant les "tabacs" ramenés par Drake, on voit d'ailleurs des gravures de personnalités, dont l'une pourrait être William Shakespeare.
Si deux pipes découvertes à Stratford-upon-Avon recelaient des traces de feuilles de coca, aucune ne venait du jardin de Shakespeare. En revanche, quatre des pipes avec des résidus de cannabis en provenaient.
D'"étranges composés" évoqués dans le sonnet 76
Hypothèse soulevée par le journal : l'écrivain anglais était peut-être conscient des effets délétères de la cocaïne et préférait une herbe aux propriétés plus stimulantes pour le cerveau.
Cette thèse est étayée par le sonnet 76 du poète où il est fait allusion à des "composés étranges" ("compounds strange") qui seraient éventuellement des "drogues étranges". Le poète évoque également une "invention venue d'une certaine herbe" ("invention in a noted weed"). Cela signifiait-il que Shakespeare voulait utiliser une herbe (weed) pour une écriture inventive (invention) ? La science permettrait donc de réinterpréter ces vers hermétiques ...
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