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Valéry Giscard d’Estaing : académicien, essayiste politique et auteur de romans d'amour

L’ancien président Valéry Giscard d'Estaing est mort mercredi 2 décembre des suites du Covid-19. Il était l'un des rares anciens présidents à s'être essayé à l'écriture de romans. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Temps de lecture : 4min
Valéry Giscard d'Estaing prononce un discours à l'Académie française en 2004.  (ERIC FEFERBERG / AFP)

L’ancien président Valéry Giscard d'Estaing est mort mercredi 2 décembre des suites du Covid-19, a fait savoir sa famille. A 94 ans, il laisse derrière lui une riche carrière politique, mais aussi une œuvre littéraire.

Et il n’a pas attendu la fin de son mandat de président pour prendre la plume. Lors de son septennat, Valéry Giscard d'Estaing devient auteur de best-sellers avec Démocratie française, un essai qui se vend à plus d'un million d'exemplaires. Il publie par la suite L’Etat et la France, essentiellement une compilation de ses discours puis plusieurs essais pour accompagner ses programmes, Deux Français sur trois (1984), Dans cinq ans, l’an 2000 (1995) et Europa, la dernière chance de l’Europe (2014).

Comme beaucoup d'anciens présidents, il s’essaie, avec succès, à l’exercice des mémoires. Les siennes, intitulées Le pouvoir et la vie, sont publiées entre 1988 et 2006. Il y revient notamment sur son départ fracassant de l’Elysée alors qu'il traverse, à l'époque, une profonde dépression. "Ce que je ressens, ce n'est pas de l'humiliation, mais quelque chose de plus sévère : la frustration de l'œuvre inachevée", écrit-il dans le dernier tome.  

Des romans d’amour

Cet admirateur de Maupassant et de Tolstoï est aussi l’un des rares présidents à avoir écrit des romans. Son premier ouvrage, Le Passage, parait en 1994 : il s’agit d’un roman sentimental racontant la relation entre un notaire et une autostoppeuse. Sur le même ton, il publie en 2009 La Princesse et le Président, l’histoire d’amour entre deux personnages, Henri et Patricia, que la presse traduit par Lady Diana et lui-même. Les protagonistes "vont s'aimer dans les nombreux palais nationaux ou royaux que tous les régimes offrent à leurs dirigeants", rapporte Le Figaro lors de la parution du roman. Le récit affole la presse outre-Manche, obligeant l’ancien président à préciser qu’il a "inventé les faits" et démentir toute relation avec l’ex-épouse du prince Charles. 

En 2010, il signe La Victoire de la Grande Armée, une uchronie sur le règne et les guerres de Napoléon. Ses deux derniers romans prennent pour cadre l’Afrique : Mathilda, en 2011, puis Loin du bruit du monde sorti dans un certain anonymat en novembre 2020. Il y raconte la fuite d'un ancien président du Sénat en Centrafrique. L'intrigue se déroule dans les années 1990, moment où l'ancien "empereur" Jean-Bedel Bokassa a été amnistié. Le héros va apprendre à chasser l'éléphant, une pratique qui le répugne. Pour Valéry Giscard d’Estaing, le roman est "une forme d'écriture qui permet l'oubli, la possibilité d'un autre monde", disait-il dans Le Figaro lors de la sortie de son dernier livre.

Académicien

Contrairement à ses mémoires, les romans de Valéry Giscard d’Estaing n’ont pas toujours été bien accueillis. "Il a surtout suscité l’ironie de la part de la critique littéraire", commentait à l’AFP François Hourmant, politiste de l’université d’Angers. Cela n’a pas empêché l’ancien président de rejoindre l’une des plus grandes instances littéraires : l’Académie Française, en 2003.

Sa candidature, notamment soutenue par Jean d’Ormesson et Hélène Carrère d'Encausse, divise alors les académiciens. Maurice Druon s’y oppose publiquement, dénonçant notamment le rôle de l’ancien président dans le départ du général De Gaulle en 1969, tout en s'attaquant à ses talents littéraires. "Il y a peu d'écrivains à l'Académie" argumentait alors Jean-Marie Rouart tandis qu’Erik Orsenna tranchait "L'Académie est une bonne compagnie. La question est de savoir si Giscard sera un bon compagnon". 

Ces divisions n’ont pas empêché Valéry Giscard d’Estaing d’être élu à l'Académie française sans difficultés au premier tour à 19 voix sur 34. A 77 ans, il prenait le fauteuil de Léopold Sédar Senghor, occupé dans le passé par Charles Maurras, et déclarait alors : "J'approche un âge où l'immortalité est une valeur refuge".

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