Cet article date de plus de deux ans.

Un livre rare offert par Emmanuel Macron au pape soulève une tempête médiatique en Pologne

Le président Macron a offert au pape François un exemplaire en langue française de la première édition de 1796 de "Vers la paix perpétuelle" du philosophe allemand Emmanuel Kant. L'ouvrage est à l'origine d'une polémique injustifiée en Pologne. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Cette photo prise et publiée le 24 octobre 2022 par le bureau de presse du Vatican, Vatican Media, montre le pape François, à droite, échangeant des cadeaux avec le président français Emmanuel Macron lors d'une audience privée au Vatican. Le cadeau de la France est la première édition de 1796, en français, de "Vers la paix perpétuelle" d'Emmanuel Kant. (VATICAN MEDIA)

Une tempête dans un verre d'eau. La découverte d'un cachet en polonais sur le livre d'Emmanuel Kant offert par le président français Emmanuel Macron au pape François a provoqué une avalanche de commentaires parfois hostiles en Pologne. Une hostilité qui n'est pas justifiée, selon les renseignements recueillis par l'AFP auprès du libraire parisien qui a vendu le livre à l'Elysée.

Les photos de la première page de la première édition en français de Vers la paix perpétuelle du philosophe prussien, datant de 1796, révèlent effectivement un cachet de la "Salle de lecture académique de Lviv". Des médias et des internautes polonais ont immédiatement soupçonné que l'ouvrage ait pu être volé par les nazis allemands qui ont occupé cette ville ayant appartenu à la Pologne jusqu'à la Deuxième guerre mondiale et appartenant aujourd'hui à l'Ukraine.

"Il ne peut pas venir d'une spoliation"

L'affaire est devenue virale sur la toile et le geste du président français a été qualifié d'"étrange", "gênant", voire insultant pour la Pologne, selon les internautes les plus agressifs. Le ministère polonais des Affaires étrangères a adopté une position réservée, se bornant à dire qu'il était "au courant".

L'Agence France-Presse a contacté Patrick Hatchuel, un libraire parisien spécialisé dans les livres anciens et rares, dont le nom a été donné dans le contexte de cette affaire par un journaliste suisse, Arnaud Bédat. 

"L'histoire de ce volume montre qu'il ne peut pas venir d'une spoliation par les nazis. Je n'ai aucun doute à ce sujet et, étant de confession juive, je suis sensible à la question. Il vient d'une bibliothèque à Lviv, dont il est sorti quelque part entre 1850 et 1870, probablement à l'occasion d'une vente", a indiqué à l'AFP Patrick Hatchuel qui a vendu le livre du philosophe allemand à la présidence française.

Une petite ristourne pour l'Elysée

"Il arrive ensuite en France. Et il est à Paris vers 1900 chez un libraire à l'histoire bien connue, Lucien Bodin, qui était spécialiste d'ésotérisme. Une étiquette imprimée en atteste. La dernière provenance, c'est un collectionneur privé qui l'a acheté il y a un demi-siècle. Et son fils me l'a revendu. Il n'y a pas de problème à ce sujet, tout est vérifiable", a ajouté le libraire.

Patrick Hatchuel a indiqué "avoir fait un prix" à l'Elysée, inférieur au prix de catalogue de 2 500 euros, et précisé avoir été interrogé par le gouvernement polonais pour préciser la provenance du livre. Selon un site internet spécialisé sur Lviv consulté par l'AFP, la "Salle de lecture académique" ne faisait pas partie de l'université de Lviv, mais a été une importante société d'étudiants et de chercheurs de nationalité polonaise, fondée en 1867 et active jusqu'en 1939.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.