Stéphane Hessel, résistant, engagé et indigné
Ses parents étaient des
personnages de roman, pour de vrai : Franz Hessel et Helen Grund sont les époux
de Jules et Jim, le roman d'Henri-Pierre Roché. Stéphane Hessel naît en 1917 à Berlin, dans une famille d'origine juive polonaise. La France, qu'il rejoint dès 1924 avec ses
parents, le passionne dès son plus jeune âge : "La principale
occupation de mon père, qui était écrivain, c'était d'être traducteur du français en allemand. Un de ses ouvrages a été la nouvelle édition de l'œuvre complète
de Balzac ", racontait-il dans un entretien accordé à France Info en
janvier dernier.
Son premier prix, c'est un
Prix de bonne camaraderie, qu'il reçoit à l'école primaire, à Fontenay-aux-Roses.
Alors que son père et son frère rejoignent l'Allemagne, lui reste en France avec
sa mère pour ses études supérieures. Bachelier de philosophie en 1933, naturalisé français en 1937, il entre à l'Ecole normale supérieure en 1939. Quelques
semaines seulement avant que la Seconde Guerre mondiale éclate, et qu'il soit
mobilisé puis envoyé au front dans la Sarre.
> Voir
l'intégralité de l'interview de Stéphane Hessel par Jean Leymarie
L'expérience de la déportation
La guerre est une
véritable épreuve pour Hessel. Il est emprisonné à deux reprises : une première
fois en tant que prisonnier de guerre en 1940 ; une deuxième en tant que
résistant du Bureau Central de Renseignements et d'Action de de Gaulle, en août
- Envoyé au camp de concentration de Buchenwald, il doit sa survie à une
substitution d'identité avec un prisonnier mort du typhus. Plusieurs fois
transféré vers d'autres camps, il n'est libre qu'en avril 1945, où il s'évade
d'un train en marche.
L'expérience de la
déportation est décisive pour son avenir. Dans les camps, Stéphane Hessel
réalise que les nationalités européennes, en s'unissant, peuvent prévenir de
telles catastrophes. Il devient ensuite diplomate. Dès 1946, il est nommé secrétaire de
la commission chargée de rédiger la Charte des droits de l'Homme, à l'ONU. Sa
contribution au texte final n'est donc qu'indirecte, mais il suit l'évolution
de la charte de ses débuts à sa signature à Paris en 1948.
Un homme de gauche engagé
Entre Paris et Saïgon,
puis Alger, New York ou Genève, Stéphane Hessel se fait petit à petit une place
dans la diplomatie française, jusqu'à sa nomination par Valéry
Giscard-d'Estaing en 1977 au poste d'ambassadeur de la France à l'ONU. C'est
son premier et son dernier poste d'ambassadeur, qu'il quitte en 1981. François Mitterrand l'élève à la dignité d'ambassadeur de France, titre qu'il conservera à vie.
Jusqu'en
1993, il occupe plusieurs postes dans des ministères et des institutions
françaises. Il devient notamment un des premiers membres de la Haute autorité
de la communication (l'ancêtre du CSA) en 1982, et est appelé par Michel Rocard
à siéger au tout nouveau Haut conseil à l'intégration (HCI) en 1990.
En tant que membre de la
Haute Autorité, il prend notamment position sur la liberté de ton à la
télévision et à la radio :
Fidèle de Pierre Mendès-France,
européen convaincu, il continue à s'engager encore après sa retraite pour la
lutte contre les inégalités. En 1996, il est nommé médiateur dans plusieurs
affaires de sans-papiers, dont celle des immigrés expulsés de l'église Saint-Bernard. "La présence en France d'immigrés de nombreux
pays est une richesse ", déclarait-il. Il est candidat en 2009 aux
régionales d'Ile-de-France sur la liste Europe Ecologie-Les Verts, bien qu'en
position inéligible.
Une icône du début du XXIe siècle
Mais il faudra attendre
2010 pour que Stéphane Hessel acquière une notoriété certaine auprès du grand
public, en France et dans le monde entier. En 32 pages, l'ancien résistant
présente son manifeste. Il appelle à une "insurrection pacifique ",
et lance un cri de guerre, titre de son best-seller : Indignez-vous ! Stéphane
Hessel s'indigne. Contre les inégalités de plus en plus grandes entre très
riches et très pauvres. Contre l'état de la planète. Contre le traitement des
sans-papiers, la course au "toujours plus ", la dictature de la
finance.
Traduit en 35 langues
différentes et vendu à plus de quatre millions d'exemplaires dans le monde,
l'ouvrage fait de Stéphane Hessel, 93 ans à l'époque, une icône de la
résistance, de l'impertinence du XXIe siècle.
Retrouvez Stéphane Hessel invité de
Philippe Vandel en mars 2012* **
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