L'homme sur scène avec Salman Rushdie durant l'attaque a d'abord cru à "une mauvaise blague"
"Ça ressemblait à une sorte de mauvaise blague, et ça n'avait pas l'air réel. Quand il y a eu du sang derrière lui, c'est devenu réel", a raconté Henry Resse, qui organisait la table ronde lors de laquelle l'écrivain a été attaqué.
Il n'a pas compris ce qu'il se passait. L'homme qui devait animer la conférence avec Salman Rushdie dans le nord des Etats-Unis, et qui se trouvait sur l'estrade avec l'écrivain au moment où il s'est fait poignarder, a raconté dimanche 14 août avoir d'abord cru à "une mauvaise blague". Il était "très difficile de comprendre" la situation sur le coup, a expliqué Henry Reese dans une interview à la chaîne CNN.
"Ça ressemblait à une sorte de mauvaise blague, et ça n'avait pas l'air réel. Quand il y a eu du sang derrière lui, c'est devenu réel", a raconté l'homme de 73 ans, qui n'a pas souhaité s'exprimer plus en détails sur le déroulé exact de l'attaque. Il a indiqué avoir "immédiatement" pensé à la fatwa visant l'écrivain depuis 30 ans, mais avoir d'abord cru à une "allusion" de mauvais goût à celle-ci, pas à une "véritable attaque". Lui-même a été blessé, et répondait aux questions de CNN avec un large pansement blanc au-dessus de son oeil droit, noir et boursouflé. "Je vais bien, a-t-il dit. Nous devrions tous nous inquiéter pour Salman Rushdie, pas pour moi."
"Nous devrions tous aller acheter un livre de Salman Rushdie"
L'événement, qui a eu lieu dans un centre culturel de la petite ville de Chautauqua, dans l'Etat de New York, devait porter sur le mouvement "City of Asylum", co-fondé par Henry Reese. L'association est dédiée à la défense de la liberté d'expression des écrivains et artistes en danger à cause de leur travail, et leur propose notamment un hébergement temporaire aux Etats-Unis.
C'est précisément un discours de Salman Rushdie, dans la ville proche de "Pittsburgh, en 1997, qui a inspiré ma femme et moi pour la création de cette organisation", a expliqué Henry Reese. "C'est la sinistre ironie, ou peut-être l'intention: de ne pas seulement attaquer son corps, mais tout ce qu'il représente", a-t-il poursuivi. "En tant que lecteurs, nous devrions tous aller acheter un livre de Salman Rushdie cette semaine, et le lire", a-t-il appelé. L'auteur, visé par une fatwa de l'Iran pour son roman Les Versets sataniques publié en 1988, reste hospitalisé aux Etats-Unis et ses blessures sont graves, mais il est actuellement en voie de rétablissement, selon son agent.
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