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« Tout ça pour quoi » : mes chers malades…

L’américaine Lionel Shriver publie “Tout ça pour quoi”. Un roman aussi vif qu’intelligent, qui réussit la prouesse de traiter des sujets les plus dramatiques (la maladie, la mort, les failles du système de santé…) sans jamais égarer son humour vitriolé. Une réussite totale !
Article rédigé par franceinfo - Pierre-Yves Grenu
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Lionel Shriver
 (LEFTERIS PITARAKIS/AP/SIPA et Belfond)

Shep Knacker en a marre. Marre de sa vie, de son job, de la société américaine. Marre aussi d’être la vache à lait de toute la famille. Depuis des années, il prépare son départ pour… l’Outre-vie. Une existence fantasmée, à mille lieux des contraintes de la vie quotidienne, des renoncements et de l’hypocrisie. Une vie du bout du monde.

Grâce au pactole mis de côté lorsqu’il a vendu sa petite entreprise, il a tout préparé. Sa valise est bouclée, les billets d’avions réservés, ne reste plus qu’à l’annoncer à sa femme. Et à espérer qu’elle choisisse de l’accompagner. Mais Gladys a, elle aussi, quelque chose à lui annoncer. Et ce quelque chose est dévastateur. Son cancer va instantanément supplanter le rêve de l’île tanzanienne. Désormais, tout va tourner autour de la maladie rare de Gladys.

Le système de santé américain ne fait pas de cadeau. Chaque chapitre débute par l’état du portefeuille Merril Lynch de Shep. Au 17e, il ne reste plus rien des 731 778 dollars du début de l’aventure, les dettes s’accumulent.
Déprimant ce récit, qui raconte si crument la maladie et des tas d’autres choses ? Sûrement pas. Car tous les personnages de « Tout ça pour quoi » sont formidables, attachants. Le cancer, les maladies orphelines ou le désespoir n’altèrent jamais leur ironie, leur sens de la répartie.

Lionel Shriver mène son petit monde d’une écriture tonique et subtile. Et si la mort est omniprésente, rien ne se passe jamais comme prévu. Impitoyable avec le milieu médical américain, ce roman se dévore littéralement. On le referme le cœur léger, avec le sourire.

« Tout ça pour quoi » de Lionel Shriver (Belfond)
traduit de l’américain par Michèle Lévy-Bram - 540 pages – 23,00 euros
 

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