Rentrée littéraire : les jurys des prix dans les starting-blocks
Le Renaudot ouvrira le bal lundi et le Goncourt donnera sa première sélection mardi en attendant que Le Monde décerne mercredi le premier prix littéraire de la saison, deux jours avant l'attribution du prix des libraires de Nancy, une récompense dont le lauréat a souvent été ensuite choisi pour le Goncourt. Selon les données du magazine spécialisé Livres Hebdo, 581 romans dont 390 ouvrages francophones sont attendus en librairie d'ici la mi-octobre.
Quelques livres très attendus comme "Un personnage de roman" (Julliard), le livre que Philippe Besson a consacré à la campagne d'Emmanuel Macron, ne sera publié que jeudi, après l'annonce des premières sélections. Les jurys des prix littéraires ont eu le privilège de lire les nouveaux romans avant leur publication et, comme d'habitude, le moindre signe est guetté par le monde de l'édition. Les chroniques hebdomadaires de Bernard Pivot, le président de l'académie Goncourt, dans le Journal du Dimanche font ainsi vaciller auteurs et éditeurs.
Premières pistes
Depuis le 20 août, l'ancien animateur d'Apostrophes a mis en avant deux titres: "Un certain M. Piekielny" (Gallimard), formidable énigme littéraire à l'ombre de Romain Gary, de François-Henri Désérable et "Le déjeuner des barricades" (Grasset), un livre drôle et insolent sur fond de Mai 68, de Pauline Dreyfus. Ces deux titres se retrouveront-ils en sélection pour les prix d'automne? Pourquoi pas, même si figurer dans une chronique littéraire n'a évidemment pas valeur de sésame.De la même façon, Pierre Assouline, juré de l'académie Goncourt, a mis en avant dans le dernier numéro du Magazine littéraire "La serpe" (Julliard), récit captivant sur un crime atroce commis à coups de serpe en octobre 1941, de Philippe Jaenada et "Taba-Taba" (Seuil), passionnant roman à la première personne dans lequel Patrick Deville nous raconte l'histoire de sa famille à l'aune de l'histoire de France et du monde. Si on se fie aux choix des critiques littéraires, certains titres sont quasi assurés de se retrouver dans les premières sélections.
C'est le cas notamment de "L'art de perdre" (Flammarion) d'Alice Zeniter, un récit puissant sur les non-dits de la guerre d'Algérie qui nous raconte avec une rare empathie le destin d'une famille française dont le grand-père fut harki.
Découvertes
Sorj Chalandon, avec "Le jour d'avant" (Grasset), roman poignant sur deux frères séparés par la catastrophe minière de Liévin en 1974, Chantal Thomas qui dresse un sublime portrait de sa mère dans "Souvenirs de la marée basse" (Seuil), Simon Liberati qui a choisi d'évoquer la figure de son père dans "Les rameaux noirs" (Stock) et Eric Reinhardt qui évoque la maladie de sa compagne dans "La chambre des époux" (Gallimard) ont également des chances d'être retenus. Mais on attend des jurés qu'ils fassent aussi preuve d'audace. Pourquoi ne pas sélectionner par exemple Jakuta Alikavazovic pour "L'avancée de la nuit" (L'Olivier), un grand roman d'amour crépusculaire ou Joël Baqué pour "La fonte des glaces" (P.O.L.), un des romans les plus originaux de la rentrée, aussi désopilant que sérieux sur le réchauffement climatique?Du côté des premiers romans, "Ma reine" (L'Iconoclaste) de Jean-Baptiste Andrea, "Le courage qu'il faut aux rivières" (Albin Michel) d'Emmanuelle Favier, "Fief" (Seuil) de David Lopez, "Encore vivant" (Rouergue) de Pierre Souchon, "Ces rêves qu'on piétine" (L'Observatoire) de Sébastien Spitzer (déjà récompensé par le prix Stanislas du premier roman) ou encore "Un élément perturbateur" (Gallimard) d'Olivier Chantraine sont dignes de se retrouver en lice pour des grands prix d'automne.
Le jury du Médicis et celui du Femina feront connaître leur première sélection les 13 et 14 septembre. Les différents jurys affineront leur sélection à deux autres reprises avant la distribution des prix: le 6 novembre pour le Goncourt et le Renaudot, le 8 novembre pour le Femina et le 9 novembre pour le Médicis.
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