Cet article date de plus de sept ans.

Rentrée littéraire d'hiver : les valeurs sûres, et nos premiers coups de coeur

La rentrée littéraire d'Hiver est ouverte : 517 romans selon le recensement effectué par Livres Hebdo, dont 66 premiers romans. Cette rentrée est marquée par le retour de Monsieur Malaussène, de Pennac (attendu depuis 20 ans !), et plus généralement par la présence de valeurs sûres. Dans cette profusion habituelle, nous vous livrons nos premiers coups de cœur.
Article rédigé par franceinfo - Laurence Houot (avec AFP)
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Daniel Pennac (en 2013)publie "Le cas Malaussène 1, Ils m'ont menti" (Gallimard)
 (TIZIANA FABI / AFP)

Nos premiers coups de coeur de la rentrée d'hiver :

  • "La Sonate à Bridgetower" (Sonata mulattica) d'Emmanuel Dongala (Actes Sud)
    L'auteur de "Photo de groupe autour du fleuve" (Actes Sud, 2010) signe un roman "historique" passionnant sur la vie d'un musicien métisse, violoniste prodige exibé par son père dans les cours d'Europe au siècle des Lumières. Un riche roman qui aborde tout à la fois l'histoire de la musique, et celle, prolifique sur tous les plans de cette période de l'histoire : culturelle, scientifique, politique, à travers la vie d'un jeune musicien dont la couleur de peau marque aussi le destin. Un roman passionnant, où l'on croise une galerie de personnages qui, de Condorcet à Beethoven, en passant par Alexandre Dumas ou Olympe Degouge, ont marqué l'histoire.
     
  • "Article 353 du code pénal", de Tanguy Viel (Minuit)
    Dans le bureau d'un juge d'intruction, les aveux en forme de confession d'un homme qui en a poussé un autre dans la mer froide près des côtes bretonnes. Un roman bouleversant, qui plonge au coeur de l'âme humaine, de ses tourments et de l'injustice. Un grand livre de cette rentrée d'hiver 2017. Lire la critique
     
  • "Rapatriés" Néhémy Pierre Dahomey (Seuil)
    "Rapatriés" est le premier roman d'un jeune écrivain haïtien. On y est emporté par l'histoire de Belliqueuse Louissaint, une tempêtueuse haïtienne dont le destin épouse la forme accidentée de l'histoire de cette terre passionnée des Caraïbes.
     
  • "Vie de ma voisine" Genneviève Brisac (Grasset)
    La romancière et éditrice signe un court roman qui brosse le portrait de la voisine de la narratrice, (Geneviève Brisac elle-même ?), prénommée "Eugénie, dite Jenny, dite Nini", née en 1925 à Paris, devenue orpheline après la disparition de ses parents "polonais, juifs et athées" assassinés à Auschwitz en août 1942... Ce court roman est un morceau de mémoire saisissant, mis en mots avec force et élégance par Geneviève Brisac. 
     
  • "Troisième personne", Valérie Mréjen (P.O.L.)
    Les événements et sentiments qui surgissent à l'arrivée de cette "Troisième personne". Elle y explore ici méticuleusement et avec humour toutes les péripéties qui suivent l'arrivée d'un bébé dans la vie d'un couple déjà mur (ils ont la quarantaine). Sujet rarement traité en littérature, il est ici saisi par Valérie Mréjen avec cette écriture à la fois concrète et poétique qui fait de ses romans des objets littéraires savoureux comme des mets concoctés par un grand chef.
     
  • "Apatride" de Shumona Sinha (L'Olivier)
    L'auteur de "Calcutta" (L'Olivier 2014) brosse le portrait croisé de deux femmes indiennes, l'une a  fait le choix de l'exil, mais son rêve de liberté et d'émancipation se heurte aux réalités du quotidien d'une femme immigrée à Paris. L'autre, fille de paysans, est restée en Inde où elle affronte la brutalité d'une société machiste. Un roman qui claque comme un cri de révolte. Lire la critique.
     
  • "Pour que rien ne s'efface", de Catherine Locandro (Editions Héloïse d'Ormesson)
    Une femme est retrouvée morte, décomposée, dans une chambre de bonne parisienne ... Qui était Lila Beaulieu ? Dans ce roman choral à la construction virtuose, une dizaine de personnages racontent tour à tour la vie et les blessures de cette actrice, qui a marqué, par un seul rôle, la mémoire des cinéphiles. Habile et émouvant. Lire la critique d'Anne Brigaudeau.

Le grand retour de Monsieur Malaussène

Près de 20 ans que les millions de lecteurs de la saga Malaussène attendaient ce moment. Daniel Pennac va exaucer leurs vœux dès le 3 janvier avec "Le cas Malaussène 1, Ils m'ont menti" (Gallimard), un des plus attendus des 517 romans de la rentrée littéraire d'hiver.

Du côté étranger, les lecteurs de la mystérieuse auteure italienne Elena Ferrante se précipiteront (également le 3 janvier) sur "Celle qui fuit et celle qui reste" (Gallimard), 3e volet de "L'amie prodigieuse", roman consacré meilleur livre de l'année 2016 par le magazine Lire.

La réapparition de Benjamin Malaussène (5 millions d'exemplaires vendus depuis la création du personnage en 1985) ou la suite des aventures des Napolitaines Lila et Elena résument la tendance de cette rentrée d'hiver : le retour des valeurs sûres.

Selon le recensement effectué par Livres Hebdo, 517 romans doivent paraître en janvier et février. Parmi eux, il y a 337 romans français dont 66 premiers romans et 180 romans étrangers. Plusieurs poids-lourds des lettres françaises sont dans les catalogues des maisons d'édition. Stock annonce ainsi "Le bureau des jardins et des étangs", un roman se situant au Japon autour de l'an Mille, signé Didier Decoin de l'académie Goncourt. JC Lattès publie de son côté "Danser au bord de l'abîme" de Grégoire Delacourt, auteur notamment en 2012 du best-seller "La liste de mes envies".

On retrouve chez Grasset Patrick Besson avec "Cap Kalafatis" mais aussi le subtil Denis Grozdanovitch, auteur de l'indispensable "Petit traité de désinvolture" qui revient avec "Le génie de la bêtise". Au Seuil, on retrouvera Michel Braudeau qui nous raconte dans "Place des Vosges" son expérience de jeune romancier à la fin des années 1960 mais aussi le Franco-Marocain Abdellah Taïa, auteur du courageux et bouleversant "Celui qui est digne d'être aimé" sur la vie d'un jeune Marocain homosexuel à Paris.

Pingeot, Chevillard, Oster

Mazarine Pingeot publie un nouveau roman, "Théa", chez Julliard, et Eric Chevillard déploie sa légendaire fantaisie dans "Ronce-Rose" (Minuit). Il faudra attendre le 5 février pour retrouver Christian Oster, prix Médicis en 1999, avec "La vie automatique" (L'Olivier). Publié chez Buchet-Chastel, Nan Aurousseau a écrit le roman (noir et inquiétant) au titre le plus énigmatique: "Des coccinelles dans des noyaux de cerise".

Alors que les Français entament une grande année électorale, Jérôme Leroy parle de renoncement dans "Un peu tard dans la saison" (La Table ronde), un roman de politique fiction aussi sombre que passionnant.

Chez Alma, Pierre Raufast qui avait enthousiasmé les lecteurs avec "La fractale des raviolis", devrait de nouveau les enchanter avec "La baleine thébaïde", un polar technologique hilarant où intervient un redoutable hacker russe.

Les débutants

Parmi les 66 primo-romanciers, une dizaine de journalistes, dont Jacky Durand de Libé, se lancent mais aussi l'actrice Aure Atika ou, plus inattendu, Ludovic Robin qui travaille à l'entretien des rives du canal de Nantes à Brest et publie son premier roman, "Aller en paix", au Rouergue.

Des débutants repérés l'an dernier publient leur deuxième roman. C'est le cas de Frédéric Viguier qui publie "Aveu de faiblesse" chez Albin Michel ou Pierre Adrian avec "Des âmes simples" (Les Equateurs).

Dans les romans étrangers, c'est une Américaine décédée en 2004, Lucia Berlin, qui détone avec la publication de "Manuel à l'usage des femmes de ménages" (Grasset), un recueil de nouvelles, âpres et poignantes, qui place cette auteure, hélas quasi ignorée de son vivant, parmi les plus grands.

Un recueil de textes d'Asli Erdogan 

Stock publie un inédit d'Erich Maria Remarque, "Cette terre promise" où l'auteur d'"A l'Ouest rien de nouveau" raconte son exil aux Etats-Unis. Actes Sud a rassemblé dans "Même le silence n'est plus à toi", une trentaine de textes d'Asli Erdogan, l'écrivaine turque emprisonnée tandis que Gallimard publie "Douleur", nouveau texte de l'Israélienne Zeruya Shalev (prix Femina étranger en 2014).

Auteur du roman culte "Shantaram" (5 millions d'exemplaires vendus dans le monde), l'ex-taulard australien Gregory David Roberts propose la suite de cette histoire de violence et de rédemption dans "L'ombre de la montagne", un pavé de plus de 900 pages, chez Flammarion.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.