"Troisième personne" : Valérie Mréjen ausculte avec humour l'arrivée d'un enfant dans un couple
Ce roman court, presque comme un carnet de bord, décrit l'arrivée au monde d'un enfant. Valérie Mréjen aborde cette question d'apparence banale avec un regard aigu et décalé et constate les effets sur ce monde de cet "heureux événement".
"La mère" et "le père" ont passé la quarantaine et l'arrivée de cette "Troisième personne" est évidement un cataclysme, dont les bouleversements se nichent autant dans le mode d'emploi d'un harnais, le dépliage d'une poussette, que dans ce monde éblouissant, neuf, à la sortie de la maternité, tendu tout entier pour apercevoir la bouille de la nouvelle arrivée, ou bien encore dans "ce fil translucide ultra-résistant" qui la relie désormais à son enfant… Fil s'allongeant peu à peu avec l'éloignement redouté, inévitable.
Une expérience
Valérie Mréjen dit "La mère" (à la troisième personne donc !) et fait le récit de ces toutes petites et grandes choses qui accompagnent l'arrivée d'un enfant avec une écriture quasi clinique, qui laisse néanmoins le lecteur deviner les bouleversements qui s'opèrent. L'énergie qu'il faut déployer, les inquiétudes, les premiers mots ("Non"), le désordre, les réveils sautillants... Tout est passé au scanner.Sujet rarement traité au premier plan dans un roman, la maternité est ici décortiquée comme une expérience, une expérience qui transforme à jamais la première et la deuxième personne.
"Troisième personne", Valérie Mréjen
(P.O.L - 140 pages- 10 €)
Extrait :
"L'enfant - Le père- La mère - Un chauffeur de taxi
Des dames en blouse
La personne de l'accueil
Une voiture neuve, le soleil aveuglant, la Seine
Le mode d'emploi schématisé est fait pour être compris du premier coup d’œil par l'utilisateur, quels que soient son intelligence et son niveau de ses pratique. N'importe qui doit normalement être en mesure d'assembler le harnais sans se tromper. Pourtant, les dessins avec flèches et pôles contraires conçus pour s'emboîter naturellement lui semblent d'une complexité considérable.
Elle passe ses bras dans des bretelles qui pourraient être celles d'un parachute. Les petites jambes emmaillotées dans une combinaison intégrale en tricot sont à présent suspendues dans le vide. Ils s'assurent plusieurs fois que tout est bien fixé avant d'amorcer le mouvement".
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