Cet article date de plus d'onze ans.
"Aberration de lumière" : les sentiments humains au kaléidoscope
Mort en 2006, le romancier et poète américain Gilbert Sorrentino laisse une œuvre singulière. Paru aux Etats-Unis en 80, "Aberration de lumière" met en scène dans un huis-clos familial des personnages taraudés par leurs désirs, dans une société groggy par la Grande Dépression, qui condamne rudement les transgressions. Sorrentino revisite l'art romanesque en explorant des formes insolites. Ludique.
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L'histoire : Eté 1939, pension de famille dans la campagne du New Jersey, une petite communauté d'américains de la classe moyenne est en vacances. Le récit s'intéresse de près à quatre d'entre eux. Au centre, Marie Recco, la trentaine, tout juste divorcée, bafouée par un mari qui l'a trahie avec une belle rousse "dépravée". Billy Recco, son fils de 10 ans, à la recherche d'un père de remplacement, John McGrath, le père de Marie, veuf d'une femme dragon et corsetée, qui veille jalousement sur la moralité de sa fille et Tom Thebus, bellâtre à fine moustache, qui fait fondre Marie, ce qui courrouce le grand-père. Cette histoire donne lieu à des descriptions réjouissantes de la sexualité débridée des protagonistes, que la culpabilité ne suffit pas à contrôler.
Illusions d'optique
Le roman s'articule autour d'une scène, celle où Marie se laisse séduire, provoquant la colère du grand-père, ramenant chacun à sa triste condition et à sa solitude. Sorrentino explore les âmes, faisant des incursions dans le passé, multipliant les points de vue. De diffractions en jeux de miroirs, l'écriture kaléidoscopique de Sorrentino produit une infinité d'images, qui décomposent et décortiquent la complexité des sentiments humains.
Chaque personnage prend corps au fil du récit, que le facétieux romancier s'amuse à décliner sous diverses formes : lettres, morceaux de poèmes en prose, interviews sur les personnages, monologues, dialogues, étranges notes de bas de page. Le lecteur est ainsi invité à observer le travail du romancier, tel un spectateur à qui l'on aurait donné à voir les coulisses. En cela, "Aberration de lumière" est un bel exemple de "métafiction", cette forme d'écriture explorée dans la littérature postmoderne et dont Sorrentino est un brillant représentant trop peu traduit en France.
Aberration de lumière, Gilbert Sorrentino, traduit de l’anglais (États-Unis) par Bernard Hoepffner
Acte Sud - 320 pages - 22,80 €
Illusions d'optique
Le roman s'articule autour d'une scène, celle où Marie se laisse séduire, provoquant la colère du grand-père, ramenant chacun à sa triste condition et à sa solitude. Sorrentino explore les âmes, faisant des incursions dans le passé, multipliant les points de vue. De diffractions en jeux de miroirs, l'écriture kaléidoscopique de Sorrentino produit une infinité d'images, qui décomposent et décortiquent la complexité des sentiments humains.
Chaque personnage prend corps au fil du récit, que le facétieux romancier s'amuse à décliner sous diverses formes : lettres, morceaux de poèmes en prose, interviews sur les personnages, monologues, dialogues, étranges notes de bas de page. Le lecteur est ainsi invité à observer le travail du romancier, tel un spectateur à qui l'on aurait donné à voir les coulisses. En cela, "Aberration de lumière" est un bel exemple de "métafiction", cette forme d'écriture explorée dans la littérature postmoderne et dont Sorrentino est un brillant représentant trop peu traduit en France.
Aberration de lumière, Gilbert Sorrentino, traduit de l’anglais (États-Unis) par Bernard Hoepffner
Acte Sud - 320 pages - 22,80 €
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