Pronostics de la critique : le Goncourt pour "Au revoir là-haut"... mais c'est "Nue" qui le mérite !
Populaire, le roman de Pierre Lemaitre, "Au revoir là-haut" (Albin Michel), déjà tiré à 100 000 exemplaires, est aussi dans les listes des meilleures ventes depuis 9 semaines. Les critiques ne tarissent pas d'éloges au sujet de cette fresque qui raconte la vie de deux rescapés au lendemain de la Première Guerre Mondiale.
Pourquoi le roman de Pierre Lemaître est-il en bonne place?
D'abord parce que c'est un bon roman, et les éloges côté critiques sont très nourries : "ambitieux", "virtuose", "au style impeccable". Pierre Lemaitre, auteur brillant de roman noir, a su user de ses techniques pour faire de cette saga ancrée dans l'Histoire ce que l'on appelle un livre "page turner". Autre atout de ce roman, il inaugure une fresque ambitieuse sur le XXe siècle, gage de serieux littéraire, selon Livres Hebdo.
Le succès du roman, déjà largement engagé, est également à prendre en compte : il serait idéal pour redonner "une visibilité légitime au fameux bandeau rouge, qui se doit d'être le plus prescripteur". Cela n'avait pas été le cas l'an dernier avec "Le sermon sur la chute de Rome" (Acte Sud), de Jérôme Ferrari, dont les ventes ont largement été dépassées par celles du roman de Joël Dicker "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" (De Fallois), récompensé en 2012 par le Grand prix du roman de l'Académie française et Goncourt des lycéens. Au début du mois d'octobre, les libraires avaient déjà plébiscité le roman de Pierre Lamaître.
Qui le mérite?
Quand on leur demande qui mérite le Goncourt, les critiques donnent cette fois l'avantage à Jean-Philippe Toussaint, avec "Nue" (Minuit), pourtant en seconde position dans leurs pronostics derrière Lemaitre pour l'obtention du prix. Pour Sylvain Bourmeau (Libération), Jean-Philippe Toussaint est "l'un des plus grands romanciers français aujourd'hui" et il "clôt un cycle magistral de quatre romans qui mérite le Goncourt". Pour Nathalie Crom (Télérama), "la beauté, l'intelligence, la parfaite singularité de "Nue" sont évidentes."
Premiers romans
"Arden" (Gallimard), premier roman de Frédéric Verger, est également plébiscité par les critiques : "C'est ce que nous avons lu de plus puissant sur la guerre et la paix depuis très longtemps", selon Aude Lancelin (Marianne), "à la fois du style, de l'intrigue et de l'imaginaire", pour Bruno Corty (Le Figaro littéraire). Le premier roman de Boris Razon, "Palladium" (Stock) est le préféré de Marie Laure Delorme (Le Journal du dimanche), "parce que l'auteur transforme la douleur en littérature".
Le dernier roman de Sorj Chalandon, "Le quatrième mur" (Grasset), plaît également aux critiques, "c'est un formidable défi littéraire : mêler ses souvenirs personnels et très douloureux de la guerre du Liban avec l'espoir utopique de contrer la barbarie par le théâtre et une pièce hautement symbolique, "Antigone", une collusion parfaitement réussie et servie par une écriture au couteau qui vrille le ventre à chaque instant", selon Catherine Fruchon (RFI).
Olivia de Lamberterie (France 2) donne sa voix aux trois femmes en lice : Chantal Thomas "L'échange des princesse" (Seuil), Karine Tuil "L'invention de nos vies" (Grasset) et Sylvie Germain "Petites scènes capitales" (Albin Michel), "trois romans puissants et étonnants". Pour les internautes, le roman de Karine Tuil arrive juste derrière celui de Pierre Lemaitre.
La dernière sélection du Goncourt sera rendue publique le 29 octobre, verdict le 4 novembre.
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