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Nénette et Rintintin, symboles oubliés de la Résistance, renaissent sous la plume de Jean-Luc Aubarbier

Ce sont deux petites silhouettes en laine surgies du passé. Dans son dernier roman "Un kibboutz en Corrèze", l'auteur sarladais Jean-Luc Aubarbier ressuscite Nénette et Rintintin, ces poupées qui, pendant les deux guerres, ont soutenu le moral des troupes.

Article rédigé par Sophie Granel
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des petites poupées de laine hissées au rang de héros de guerre. (France 3 Aquitaine)

Elles ne payent pas vraiment de mine et pourtant leur pouvoir est celui d'un fétiche, quasi magique. Qui se souvient de Nénette et Rintintin ? Ces petites poupées, littéralement fabriquées avec quelques bouts de ficelle - ou plutôt de laine -sont devenues au fil des conflits des symboles de la résistance de la France à l'envahisseur allemand. Une tradition aujourd'hui presque oubliée que Jean-Luc Aubarbier a exhumée dans son roman Un kibboutz en Corrèze (Presses de la Cité, septembre 2021).

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Nénette et Rintintin ressuscités dans un roman {} (FTR)

Assise à sa table, Catherine a, sans le savoir, un morceau d'histoire entre les mains. Ainsi que sa grand-mère le lui a appris lorsqu'elle était enfant, cette Sarladaise confectionne des petites poupées de laine. Ce qu'elle ignore en revanche, c'est que ces modestes jouets, fabriqués avec trois fois rien, ont joué un grand rôle pendant les deux guerres mondiales.

Tout commence en 1913. Francisque Poulbot, célèbre illustrateur de l'époque, en a assez de voir les jouets de fabrication allemande inonder le marché français. En réaction, il crée Nénette et Rintintin, deux poupées bien de chez nous, dont le visage rieur et franc devient rapidement un symbole de résistance face à l'opresseur germanique.

Une réclame d'époque pour Nénette et Rintintin, les poupées imaginées par Francisque Poulbot. (France 3 Aquitaine)

Des porte-bonheur dans les tranchées

Pendant la première guerre mondiale, les jeunes filles offrent à leurs fiancés partis au front des versions "faites maison" des poupées Poulbot. Réalisés avec quelques bouts de laine, les petits personnages deviennent des porte-bonheur que les soldats emportent avec eux au fond des tranchées. Mais c'est dans les années 40 que Nénette et Rintintin accèdent au rang de héros de guerre. Soucieuses de participer, à leur façon, à la lutte contre l'invasion des troupes allemandes, les femmes se mettent à confectionner des poupées vendues au profit de la Résistance. Un effort de guerre auquel participe Jeannine, la mère de Jean-Luc Aubarbier.

Nénette et Rintintin avec leur enfant, Radadou selon une illustration du début du XXe siècle. (France 3 Aquitaine)

"Il y avait un énorme risque à confectionner ces poupées", rappelle le romancier. "Si elles avaient été prises, ça aurait été la déportation ! Mais quand on a vingt ans, on ne fait pas tellement attention au danger."

Un héroïsme que l'on retrouve dans l'un des personnages principaux  du dernier roman de Jean-Luc Aubarbier, Un kibboutz en Corrèze. Sarah est une jeune juive réfugiée dans le Sud-Ouest pour échapper aux persécutions nazies. Formée à l'agriculture pour mieux s'intégrer à la vie locale, elle fait partie de ces petites mains de la Résistance qui tricotent des poupées.

Inspiré de l'histoire vraie du Baron Rotschild qui, en 1933, a organisé la fuite et l'intégration par les métiers de la terre de nombreux Juifs allemands, le livre est une plongée dans une page méconnue de notre histoire. Nénette et Rintintin en sont les symboles. Des symboles qui ont largement dépassé nos frontières :  Rintintin a en effet donné son nom au chien le plus célèbre de Hollywood !

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