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Les Japonais prêts à faire une nuit blanche pour dévorer le dernier Murakami

Les admirateurs japonais de Haruki Murakami, figure de proue de la littérature contemporaine nippone, se sont précipités vendredi à minuit (jeudi 15H00 GMT) dans des librairies pour s'emparer de son nouveau roman-fleuve dont le contenu est resté secret.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Les fans du romancier Haruki Murakami se précipitent dans les librairies pour acheter son dernier roman "Le meurtre du commandant de la chevalerie"  (23 février 2017)
 (TORU YAMANAKA / AFP)

Jusqu'au dernier moment, seul le titre de l'imposant ouvrage en deux volumes était connu. Il signifie "Le meurtre du commandant de la chevalerie". "J'attendais avec impatience ce roman, je vais essayer de lire autant que je peux cette nuit, dans le train de retour et tant que je reste éveillé", a déclaré à l'AFP un des tout premiers acheteurs, Taira Shibasaki, un jeune salarié qui avait réservé ses exemplaires et se définit comme un "harukiste", surnom des inconditionnels du romancier.

"Je suis une grande lectrice et je vais aussi lire cette nuit pour pouvoir poster mes impressions et commentaires au plus vite sur Twitter et je suis sûre que nombreux sont ceux qui feront comme moi", a ajouté une jeune femme, Mohoko Aoyagi, qui venait aussi d'acheter les deux volumes. Comme elle, quelques minutes avant minuit, devant la librairie Kinokuniya du quartier de Shinjuku, plusieurs dizaines de personnes, des hommes en très grande majorité, ont patienté en file indienne.

"Même en interne, très peu de personnes y ont eu accès"

Plusieurs autres grandes libraires de Tokyo et d'autres villes du Japon ont aussi organisé des événements spéciaux pour cette nouvelle oeuvre de l'écrivain le plus populaire en son pays, même s'il compte aussi nombre de détracteurs. "C'est un roman plus long que 'Kafka sur le rivage', plus court que '1Q84', une histoire très étrange", s'était contenté de dire il y a quelques mois M. Murakami, lors de la remise du prix Hans Christian Andersen au Danemark, selon les propos rapportés par son entourage.

"L'auteur nous a fait savoir qu'il souhaitait que les lecteurs le découvrent sans rien savoir auparavant et c'est pourquoi nous avons décidé de ne rien dire avant la publication. Même en interne, très peu de personnes y ont eu accès", a précisé à l'AFP un porte-parole de la maison d'édition Shinchosha.

"J'aimerais que Murakami y exprime de façon littéraire les problèmes, chagrins et colères du monde et que par le stylo, il redise à tous l'importance de la paix", a déclaré avant la mise en vente à l'AFP l'essayiste et directeur de librairie Kunio Nakamura, grand connaisseur de l'oeuvre "murakamienne" tantôt réaliste, tantôt fantastique.

"Le manuscrit totalise 2.000 feuillets. Le premier tirage était initialement de 500.000 pour chaque tome, mais nous avons d'ores et déjà décidé de monter à 700.000 pour le premier et 600.000 pour le deuxième, pour le moment", a indiqué l'éditeur. Il s'agit du plus long récit du romancier à succès depuis 1Q84, dont les deux premiers volumes étaient sortis au Japon en 2009 et le troisième l'année suivante.

"Quand je commence un roman, je n'ai pas décidé à l'avance de ce qui va s'y produire, je me laisse guider par les personnages et événements"

Entre "1Q84" et ce nouveau roman, M. Murakami, 68 ans, connu aussi pour "La Ballade de l'impossible", avait publié un plus court roman, "L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage", puis, au Japon, un recueil de nouvelles intitulé "Onna no inai otokotachi" (Les hommes sans femmes) qui sortira en France le 2 mars. Le romanvier japonais avait également publié en septembre 2015 en France "Romancier de profession", un essai dans lequel il parlait de son métier d'auteur.

Les lecteurs français ont aussi pu découvrir l'an dernier les deux premiers courts romans. Nous avions rencontré sa traductrice de l'écrivain japonais au salo Livres Paris.

Les nouveaux ouvrages de Murakami, particulièrement ses récits de fiction qui se vendent par millions d'exemplaires rien qu'au Japon, créent toujours un enthousiasme fou. "J'ai lu tous les romans, longs ou courts, de Murakami et il m'est difficile de dire lequel je préfère, car les styles d'écriture sont très différents", a témoigné pour l'AFP un autre fan, Akihide Yamatani.

Haruki Murakami, homme très discret qui ne se montre pas dans les médias et vit partiellement à l'étranger, est depuis des années un phénomène de société qui touche un très large lectorat, non seulement au Japon mais aussi dans de nombreux autres pays. Il décrit souvent l'existence d'antihéros solitaires qui révèlent les contradictions et difficultés du monde moderne. "Quand je commence un roman, je n'ai pas décidé à l'avance de ce qui va s'y produire, je me laisse guider par les personnages et événements", confiait M. Murakami à l'AFP lors de la parution en France d'un précédent ouvrage.

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