Le Prix Carbet pour le romancier cubain Leonardo Padura
C’est l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau, qui succède à Edouard Glissant, décédé en février 2011, comme président du Prix Carbet, qui a annoncé le nom du lauréat à l’auditorium de l’Encre à Cayenne. « Ce prix illustre plusieurs des préoccupations de celui qui en fut le président durant plus de vingt ans et auquel cette 22e édition rend un hommage », a déclaré en préambule Patrick Chamoiseau.
« Edouard Glissant aurait aimé entendre cette voix, qui s’empare d’une des idéologies du 20e siècle, non pour en articuler une critique postérieure et facile, mais pour montrer combien elle a constitué le lieu même du plus beau des soleils et de la pire des ombres, et combien elle a façonné les phases contemporaines les plus visibles et les plus invisibles de notre Caraïbe », a expliqué le romancier martiniquais en faisant référence au livre de Leonardo Padura, qui, dans son récit, reconstruit les parcours de Trotski et de son assassin Ramón Mercader, avec, en filigrane, les dérives de la politique communiste à Cuba.
Né à La Havane, âgé de 56 ans, Leonardo Padura est non seulement romancier et essayiste, mais également journaliste et scénariste pour le cinéma. Ses ouvrages ont été traduits dans une dizaine de langues et il a déjà reçu plusieurs prix littéraires. Dans l’Hexagone, « L’homme qui aimait les chiens » a obtenu le Prix Roger Caillois 2011 et a été élu Meilleur roman historique par le magazine Lire.
Un "hommage solidaire" à la littérature haïtienne
Absent à Cayenne pour raisons de santé, c’est l’écrivaine cubaine Nancy Morejon, par ailleurs membre permanent du jury du Prix Carbet, qui a été chargée de remettre le prix à Leonardo Padura quand elle rentrera à La Havane. Parmi les autres candidats en lice, la romancière anglo-jamaïcaine Andrea Levy obtient la mention spéciale du jury pour son roman « Une si longue histoire » (éditions La Table ronde), vaste fresque sociétale sur l’abolition de l’esclavage en Jamaïque au XIXe siècle.
Par ailleurs, le jury du Prix Carbet a tenu à rendre « un hommage solidaire » à la littérature haïtienne d’aujourd’hui, en distinguant plus particulièrement « La belle amour humaine » (éditions Actes Sud) de Lyonel Trouillot, « une œuvre majeure et généreuse qui témoigne en ces temps difficiles de la vitalité d’une littérature qui a déjà tant donné à la Caraïbe et au monde ». Lyonel Trouillot était l’un des quatre finalistes du Prix Goncourt 2011.
Depuis 1990, le Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde récompense une œuvre d’un écrivain caribéen ou d’un auteur manifestant un lien fort avec cette région. Organisé en général en Guadeloupe, en Martinique ou en Guyane, le Prix Carbet sera décerné pour la deuxième fois à Paris en 2012, après une édition en 2008.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.