Le fils de Joséphine Baker raconte le rêve brisé de sa mère
Jean-Claude Bouillon-Baker a pris le temps de mûrir son ouvrage. "Je n’aurais pas pu l’écrire avant" nous confie l’auteur, âgé de 58 ans. "Aujourd’hui, je suis dans la sincérité absolue". Son livre est un témoignage très personnel et presque intimiste sur le parcours et la personnalité de sa mère. Une icône internationale certes, mais dont l’exubérance scénique masquait une sensibilité à fleur de peau.
"Sur le plan psychologique et intérieur qui constitue chaque être humain, c’était une femme douée d’une énergie phénoménale et rare. Elle avait une puissance de cœur qui prenait sans doute sa source dans la misère de son enfance, ce qui l’amenait à avoir de la compassion pour les autres. Ma mère possédait également cette capacité à croire à des choses aussi simples et pourtant aussi compliquées à réaliser que l’entente et la fraternité, en dépassant tous les clivages. Cela faisait sa force ", se rappelle Jean-Claude Bouillon-Baker.
Utopie au chateau
Celle qui fut l’égérie de la célèbre Revue nègre et qui fréquenta le Tout-Paris artistique, celle qui fut agent de renseignement pour la Résistance française pendant la deuxième guerre mondiale et reçut pour cela les plus hautes décorations, voulut incarner cet idéal de fraternité au château des Milandes, dans le Périgord.
Joséphine Baker achète cette demeure avec son mari, le chef d’orchestre Jo Bouillon,épousé en 1947. La chanteuse ne pouvant avoir de bébé, le couple adoptera douze enfants de toutes origines afin de prouver au monde que la fraternité n’est pas une simple utopie. Joséphine surnomme sa famille la « tribu arc-en-ciel », et développe un complexe touristique dans l’enceinte du domaine, le "Village du monde". Mais ce projet trop ambitieux mènera l’artiste au bord de la ruine. Obligée de quitter les Milandes, Joséphine et ses enfants seront recueillis à Monaco par la princesse Grace, qui met une petite villa à leur disposition.
"Le rêve brisé, c’est le château des Milandes" regrette Jean-Claude Bouillon-Baker. "Cette période représente trente années de son existence. Quand on parle de Joséphine Baker, on évoque très souvent l’avant-guerre, les années folles et l’avant-gardisme. Mais sa prise de conscience a eu lieu pendant la guerre de 39-45 et à son retour aux Etats-Unis en pleine ségrégation raciale. Elle a ressenti une grande révolte, qui lui a donné envie de vivre cette expérience humaine aux Milandes. Sa passion c’était ce village et ce qu’il pouvait symboliser. Et finalement elle a mis en adéquation ses paroles et ses actes".
Jean-Claude Bouillon-Baker, « Un château sur la lune, le rêve brisé de Joséphine Baker », éditions Hors Collection, 272 pages, 19,50 euros.
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