La Ville des Serpents d’eau : terreur dans l'Amérique profonde
Cinq disparaissent, seulement quatre corps seront retrouvés. On pense que la dernière est enterrée, quelque part, personne ne se doute qu’elle est là, emmurée vivante, dans une cave, séquestrée par « le Noyeur » qui a choisi d’épargner sa vie pour mieux la tuer à petit feu, abusant d’elle chaque jour pendant treize ans. Surtout, elle a enfanté du monstre, une petite fille, encore une fille, née captive et future proie.
On ne dévoilera pas toute l’histoire ici, parce que c’est dans son suspens bien mijoté qu’elle se savoure, mais on ne peut s’empêcher d’évoquer ce joli binôme d’une minuscule poupée blanche et d’un immense benêt noir, engoncés dans leur galère, compagnons d’infortune, et que l’horreur a réunis. Ou cet autre duo improbable et pourtant romanesque, d’un enquêteur de la criminelle révoqué et alcoolique, avec son pote d’enfance tatoué, estropié et rappeur. Au centre, un prêtre cardiaque, et les représentants très « WASP » d’une société bourgeoise bon chic bon genre, se réunissant pieusement pour célébrer Noël mais où chacun, pris individuellement, est pétri de vices, d’aigreurs et de jalousies qu’il noie dans le sexe ou l’alcool.
« La ville des Serpents d’eau » laisse comme un malaise, la dernière page refermée. Impossible de ne pas songer à des faits divers sordides ayant réellement existé, ayant aussi sans doute inspiré l’auteure. Impossible de ne pas voir à travers les lignes les fantômes de ces pédophiles belges, ayant séquestré de la même façon d’innocentes enfants. Et pourtant, l’ouvrage fait indéniablement partie de ceux, rares, dont on voudrait qu’il n’y ait pas de dernière page.
La Ville des Serpents d’eau de Brigitte Aubert (Policiers Seuil)
285 pages - 19,50 euros
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