La réalisatrice Julie Bertuccelli prête sa voix à Babouillec, jeune autiste auteure d’un premier roman bouleversant
Au bout de quelques mois, grâce à un travail de stimulation neurosensorielle notamment par les arts, Hélène sort de sa coquille. Sa mère se rend compte qu’elle a appris à lire et à écrire toute seule. A l’aide de lettres cartonnées, la jeune fille commence à assembler des mots puis des textes entiers d’une virtuosité exceptionnelle.
Un triomphe en 2015 à Avignon
Deux recueils de ses écrits sont édités chez Christophe Chomant Editeur puis chez Payot et Rivages sous le nom d’auteur "Babouillec, autiste sans paroles". En 2015, le metteur en scène Pierre Meunier adapte au théâtre l’un de ses poèmes "Algorithme éponyme". Sous le titre "Forbidden di sporgersi", la pièce triomphe à Avignon.C’est pendant la préparation de ce spectacle que Julie Bertuccelli rencontre Babouillec. Fascinée par son histoire mais aussi et surtout par son talent, la réalisatrice va la suivre pendant trois ans. Une aventure qu’elle raconte en 2016 dans "Dernières nouvelles du Cosmos", un documentaire bouleversant qui remporte le prix du public au Festival de Montreuil et sera nommé aux Césars en 2017.
Après le film, les deux femmes sont restées très proches et c’est donc tout naturellement qu’aujourd’hui, Julie Bertuccelli se fait la porte-parole de Babouillec à l’occasion de la sortie de son premier roman. Un roman autobiographique même si Eloïse, l’héroïne de "Rouge de soi", peut parler et aimer contrairement à Hélène, elle est bien son double comme le montre ce passage choisi par Julie Bertuccelli :
Un texte plein d’humanité, d’humour et de clairvoyance sur son handicap et surtout sur la façon dont en 2018 on traite les personnes différentes. A quelques jours de la Journée de l’Autisme (le 2 avril), le constat n’est en effet pas glorieux : en France, seuls 15% des enfants autistes sont scolarisés. Quant aux adultes, la société ne leur laisse guère de place. Une situation que Babouillec analyse de façon très poétique : "Les minorités sont comme les étoiles dans le ciel, elles font briller le noir"."Eloïse se souvient de son début de vie très chaotique, comme balancée par-dessus bord sans avoir pied et sans savoir nager. Une forme de cauchemar surréaliste. C'est certainement là que commence sa drôle d'histoire, cette naissance sans fond. Un corps qui ne sait pas nager dans une société raz-de-marée, aux vagues déferlantes qui lui tombent sur la gueule."
Babouillec, "Rouge de soi".
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