Géographie de la bêtise de Max Monnehay: une carte aux contours flous
On connaissait l’idiot du village. Pas le village des idiots. Une trouvaille ? Plutôt une idée. Idée de départ d’un roman : comme si pour les singes derrière leurs barreaux ce sont les visiteurs qui sont en cage ou pour les Anglais, l’Europe une île.
Voir le monde en contre-point, en négatif, en décalqué, peut être le prétexte d’une fable qui promènerait Alice de l’autre côté du miroir, qui dirait le noir pour faire ressortir le blanc, qui peindrait l’ombre pour souligner la lumière.
Pierrot est l’idiot en chef qui rassemble autour de lui d‘autres idiots et leur offre un village où ils se retrouveront entre eux. Entre eux, quasi mutiques qui se comprennent sans parler (comprendre : ils ont des choses à dire), eux qui sont laids (comprendre : ils sont beaux). Nés de familles débiles censées représenter une population moyenne, on doit retrouver parmi eux une certaine beauté, celle de la naïveté et de l’innocence de l’enfance. Le charme de Quasimodo, en somme.
Au fil des pages, des mots flous, vaporeux relient des scènes très fortes comme dans une sorte de rêve bizarre qui n‘en finit pas.
Chaque fable s’achève par une morale, ici, il n’y a pas de chute finale. On retiendra simplement que « La géographie de la bêtise » ne se dessine pas sur une carte et qu’il est donc difficile d’en retenir les contours…
Géographie de la bêtise
Max Monnehay
Seuil (17€)
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