Fallait pas quitter Vanessa Schneider ...
Le livre s'ouvre sur une jolie scène. La narratrice peint ses ongles en vert céladon, la "couleur qu'il fallait absolument porter cet été-là", pour surprendre son amoureux, qui la trouve trop classique. Et se souvient qu'avant la naissance de ses enfants, elle s'était soigneusement fait les ongles parce que ses "pieds seraient la première chose que (son) bébé verrait en sortant de (son) ventre".
Le maquillage, la manucure, le soin de soi comme armure ... L'auteure qui n'apparaît jamais à la télé qu'avec des lèvres laquées de frais et un fond de teint impeccable aurait-elle prêté quelques-uns de ses traits à la narratrice ?
La narratrice, donc. Jeanne, jeune quadragénaire parisienne. Auteur de BD à succès. Elle a créé des petits personnages marrants, les Boulis, qui vont peut-être donner naissance à une série télévisée. Elle a eu deux enfants avec Sacha, un homme qu'elle n'aimait pas mais qui la rassurait. Ils se sont quittés bons amis.
"Quatre années, trois mois et onze jours de bonheur"
Puis déboule Antoine, son amour, sa passion. "Quatre années,trois mois et onze jours de bonheur", puis la rupture un jour d'été. Elle part la première en vacances. Il ne la rejoindra pas, elle n'a rien vu venir.
Le roman se veut interpellation de ce tombeur qui l'a abandonnée. La narratrice dépeint son ex-amoureux en trentenaire insouciant, qui lui a apporté la fantaisie, le plaisir, le tourbillon de la vie, mais n'a jamais lancé une machine à laver. Portrait tendre et ironique d'un specimen de la génération Y et de ses codes générationnels.
Dans l'air du temps
Quelles traces dans le roman de l'univers politique que l'auteure connaît si bien ? Rien ou presque, sinon la description de deux soirées parisiennes. Première fête : "il y avait ce soir-là un jeune ministre de droite, au moins deux députés socialistes, une actrice qui avait fait la couverture de Elle."
Cent pages et une présidentielle (non évoquée) plus tard, deuxième soirée : "Les députés socialistes d'autrefois étaient devenus de jeunes ministres en vue et échangeaient des poignées de main courtoises avec leurs prédécesseurs de droite. De nouvelles actrices (...) sautaient au cou d'hommes plus âgés, dont l'aisance laissait deviner qu'ils occupaient des postes importants dans le monde du cinéma ou des affaires."
Et à la fin ... Non, on ne vous donnera pas la fin de ce roman d'amour, qui se lit aisément - la plume y est légère- et restitue un peu de l'air du temps du Paris artistico-mondain d'aujourd'hui.
Le jour où tu m'as quittée de Vanessa Schneider (Stock - 18 euros)
Extrait :
Je m'occupais de tout, et toi, de ce qui rend la vie jolie. Tu rapportais des bouteilles de vin à la maison, parfois, le dimanche matin, un bouquet de fleurs, des pivoines lorsque c'était la saison, sinon des tulipes ou des roses blanches. Je ne me souviens pas de t'avoir jamais vu rincer un verre.
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