Disparition de Peter Matthiessen, écrivain, explorateur et moine zen
Citant son fils, le New York Times a précisé qu'il avait succombé à une leucémie à son domicile de Sagaponack, à Long Island (Etat de New York).
Peter Matthiessen est le seul auteur avoir remporté deux fois le National Book Award, un des prix littéraires les plus prestigieux des Etats-Unis, pour un ouvrage de fiction et pour une non-fiction, avec "Le Léopard des neiges", récit d'un voyage spirituel dans l'Himalaya avec un naturaliste, paru en 1978, puis avec le recueil de nouvelles "Shadow Country", en 2008.
Un amoureux de la nature
Né à New York, ce fils d'architecte a étudié à Yale et à la Sorbonne, à Paris, où il a créé en 1953, avec Harold Humes et George Plimpton, The Paris Review , un influent magazine littéraire qui a publié des textes et des interviews des plus illustres écrivains.
Après avoir quitté la France à la fin des années 1950, Peter Matthiessen, amoureux de nature et de grands espaces, s'est lancé dans l'exploration, parcourant l'Alaska, les territoires canadiens du Nord-Ouest, les zones les plus sauvages d'Amérique Latine ou d'Afrique et la Nouvelle-Guinée, régions qui ont inspiré ses romans et récits.
Un défenseur des droits des Amérindiens
Peter Matthiessen a aussi bien écrit des romans que des essais, comme "In the Spirit of Crazy Horse" (1983), dans lequel il prenait la défense des militants amérindiens et contestait la condamnation d'un Indien pour le meurtre de deux agents du FBI. Le livre fut interdit et fit à l'époque l'objet de poursuites que le FBI abandonna finalement.
Parmi ses romans, on peut citer "En liberté dans les champs du Seigneur" (At Play in the Fields of the Lord, 1965), un récit fascinant qui confrontait deux Américains au fin fond de l'Amazonie et qui a inspiré un film d'Hector Babenco en 1991. Ou "Far Tortuga" (1974), qui raconte une expédition de pêche au Nicaragua, considéré par beaucoup comme son chef-d'œuvre.
Décédé à la veille de la sortie de son dernier roman
Son récit "The Search for the Great White Shark" (1971) aurait inspiré à Peter Benchley "Les dents de la mer".
Dans "Deux saisons à l'âge de pierre" (Under the Mountain Wall), il racontait son voyage en Nouvelle-Guinée avec l'expédition Harvard-Peabody dans le territoire des Kourelou, une tribu qui n'a jamais encore rencontré les hommes blancs.
Mais Peter Matthiessen se définissait essentiellement comme un auteur de fiction. "J'ai écrit plus de livres de non-fiction parce que ma fiction est un processus d'exploration, pas laborieux mais long et lent, de plus en plus lent", déclarait-il à "The Paris Review", précisant qu'il lui avait fallu huit ans pour écrire "Far Tortuga".
Passionné de bouddhisme zen, Peter Matthiessen était devenu moine. Il avait installé chez lui une salle de méditation où il recevait des élèves, tout en continuant à écrire. Son dernier roman, "In Paradise", consacré à la Shoah, devait paraître mardi aux Etats-Unis.
Il avait reconnu il y a quelques années avoir travaillé pour le compte de la CIA lorsqu'il vivait à Paris. "On m'avait prié de faire quelque chose pour mon pays, ce qui a fait vibrer ma fibre patriotique", dit-il dans le dernier numéro du New York Times Magazine.
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