Avec "La vérité sur l'affaire Harry Quebert", Joël Dicker bouscule le Goncourt
"J'ai beaucoup, beaucoup, travaillé". Ultra-sympathique, bavard et joyeusement excité par la compétition littéraire, Joël Dicker ne minimise pas son effort. Ces 670 pages, impeccablement calibrées, découpées decrescendo en 31 chapitres rythmés par les conseils du maître à l'élève, ils les a taillées, retaillées, montées et démontées encore. Jusqu'à atteindre la fluidité qu'il recherchait. Coup de maître !
Son roman, l'écrivain suisse de 27 ans, l'a posé aux Etats-Unis, entre New-York et la campagne du New-Hampshire, une région qu'il connaît bien pour y avoir passé ses vacances durant de nombreuses années.
Marcus Goldman, auteur à succès, est en panne sèche. L'inspiration l'a abandonné. Plus son éditeur le presse, moins il est capable d'enchaîner deux phrases sur son ordinateur. Un événement va tout faire basculer : son ami et professeur se retrouve accusé de la mort d'une jeune fille de 15 ans, trente ans plus tôt. Marcus plaque tout pour mener sa contre-enquête et sortir Harry Quebert de l'ornière. Mais rien ne va se passer comme prévu. Ses découvertes dessinent des double-jeux, font apparaître de nouvelles zones d'ombres. Derrière le fait divers, le vernis s'écaille, les personnages se révèlent.
A partir d'une histoire simple, Dicker nous plonge dans les tourments de l'Amérique profonde. Son écriture rappelle les meilleures pages de Stephen King (lorsqu'il nous sillonne les campagnes Maine, bien avant l'inévitable irruption des zombies !). C'est carré, sans le moindre temps mort, et diablement futé. On sort de cette lecture plein d'admiration pour la maestria de ce jeune auteur (qui a plaqué une carrière de juriste toute prête pour tenter de vivre de sa plume). Une magnifique révélation.
La vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker (Éditions de Fallois/L'Âge d'homme)
670 pages - 22 €
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