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"Alham" ou la révolution littéraire du juge Trévidic

On peut être l’une des références de l’antiterrorisme en France et en Europe et avoir l’étoffe d’un romancier. La preuve, c’est Marc Trévidic qui l’apporte avec beaucoup de talent. L’ancien juge antiterroriste déjà auteur de plusieurs essais sur le djihadisme, vient de publier "Ahlam" (JC Lattès). Une histoire d’amour sur fond de révolution et de montée de l’islamisme.
Article rédigé par Sophie Granel
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
A 50 ans, le juge Trévidic publie son premier roman.
 (P.Lapoirie/Photopqr/Nice-Matin)

Kerkennah, petite île au large de la Tunisie à l’aube du 3e millénaire. Paul Arezzo, prodige de la peinture débarque de France en quête d’inspiration et surtout de guérison. Une déception amoureuse l’a laissé vidé de sa substance et de sa capacité à peindre. Peu à peu, les paysages extraordinaires et la gentillesse des locaux le réconcilient avec la vie et avec son art.
Le pêcheur Farhat, Nora sa femme, Fatima sa mère et surtout ses enfants, Issam et Alham, deviennent sa famille. Sur fond de régime Ben Ali puis de révolution de Jasmin et enfin de montée de l’Islamisme, "Ahlam" raconte une décennie d’histoire tunisienne.

Une histoire d'amour avec la Tunisie 

Une histoire et un pays que Marc Trévidic connaît bien. S’il a choisi Kerkennah petit bout de terre isolée au large de Sfax (à l'Est de la Tunisie) pour situer son premier roman, ça n’est pas par hasard. Lui aussi, à l’image de son héros, a découvert ce coin de paradis avec ses parents alors qu’il était enfant. La description qu’il fait des couleurs et des paysages est surprenante de justesse. Le lecteur se trouve transporté en ces lieux qui malheureusement ne seront pas épargnés par la haine et l’obscurantisme.
Et c’est là le point central du roman de Marc Trévidic : le combat éternel entre la lumière et les ténèbres, la culture et le fanatisme.
Un fanatisme que le magistrat a appris à connaître et reconnaître lorsqu’il était en poste au Pôle antiterroriste de Paris. C’est sans doute pourquoi sa description du processus de radicalisation du personnage d’Issam semble si crédible. "Cette musique qui répétait sans cesse les mêmes notes, ancrée dans la culture musulmane, hypnotisante et entêtante, était entrée en lui, avait fait tomber ses défenses". Un phénomène terrifiant et destructeur qui n’a cependant pas réussi à tuer l’esprit de la révolution du Jasmin en Tunisie, un pays pour lequel Marc Trévidic ressent un grand respect. "Ce pays a été un laboratoire depuis 2011, avec une admirable résistance de la société civile et notamment des femmes qui ont su sauvegarder leurs droits de justesse". 
Ahlam, dont le prénom signifie "les rêves" en arabe, est l’incarnation de cet esprit. Sorte de Marianne tunisienne, elle est prête à l’ultime sacrifice pour défendre les valeurs de liberté qui l’animent. Une liberté qui passe par les arts. La peinture, la poésie, la musique…Autant de disciplines jugées "haram" (péché) par les islamistes et que Marc Trévidic a décidé de placer au cœur de son livre. L’auteur y développe une théorie selon laquelle un langage artistique universel permettrait de traduire sur une toile un texte ou une partition. Un système qu’il décrit avec beaucoup de passion, peut-être même un peu trop…Sur plusieurs pages, l’auteur entraîne le lecteur dans une description complexe et technique de ce code au risque de le perdre. Une erreur de jeunesse que l’on pardonne aisément tant ce premier roman se lit avec plaisir.
  (JC Lattès)
 "Ahlam" de Marc Trévidic est paru le 6 janvier 2016 aux éditions JC Lattès. 324 pages. 19 euros.

La musique, omniprésente dans "Ahlam", est l'une des grandes passions de Marc Trévidic...
Interview réalisée par Grégoire Bouscambert dans le cadre du "Journal de la Méditerranée" dont Marc Trévidic était l'invité le samedi 9 janvier 2016.

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