Alexis Jenni, la vie après le Goncourt
Depuis 4 mois, Alexis Jenni a un peu l'impression de vivre dans les trains. Il parcourt le pays pour participer aux nombreuses manifestations auxquelles il est invité. Mais pour garder un semblant de vie normale, il est obligé de décliner certaines offres. Sa vie ressemble à un tourbillon mais il ne semble pas vraiment affecté. Il a même découvert le milieu du monde littéraire avec intérêt et curiosité, lui qui n'avait jamais mis les pieds dans un salon du livre. Avant la publication de "L'art français de la guerre" (Gallimard), "je ne vivais pas dans ce mileu, ni comme acteur, ni comme consommateur. Je ne savais pas que tout cela existait à cette mesure", dit-il, amusé. "Moi qui n'ai jamais demandé de signature à personne, je me suis retrouvé à en donner des centaines...".
Mais il n'est pas du genre à cracher dans la soupe. Il apprécie particulièrement les rencontres avec les lecteurs et les autres écrivains. Toute cette folie autour de l'obtention du prix Goncourt lui a appris beaucoup de choses sur le métier d'écrivain et il observe ce qui lui arrive avec beaucoup d'humour. "Rentrer dans une librairie où il y a des affiches avec sa tête accrochées de partout, c'est bizarre". "Il y a des affiches drôles avec mon nom écrit en très grand. Je les garde pour mes enfants, ils les afficheront dans leurs toilettes quand ils seront étudiants !". Cette dérision et ce recul lui permettent sans doute de ne pas se faire emporter par cette folie. Son travail d'enseignant l'y aide aussi. Il n'a rien changé à son emploi du temps. Il est toujours professeur de sciences naturelles dans un lycée privé lyonnais. Ses élèves n'ont pas changé leur comportement vis à vis de lui. Le côté médiatique les amuse, il leur a expliqué comment cela fonctionne, et puis c'est tout.
Malgré les 200 000 exemplaires qu'il a déjà vendu de son livre, Alexis Jenni sait qu'il ne pourra peut-être pas vivre éternellement de son métier d'écrivain. C'est aussi pour cela qu'il continue d'enseigner. Et puis aussi pour garder un pied dans le réel, dans la vie normale. Pour lui , s'investir à 100% dans l'écriture est un pari risqué. Même si écrire a toujours été sa passion. Il rappelle que si "L'art français de la guerre" est son premier livre à avoir été publié, il n'en est pas pour autant à son coup d'essai. Cela fait vingt ans qu'il envoie des manuscrits aux éditeurs. "L'écriture m'occupe depuis que je suis enfant. J'ai toujours eu l'impression d'être écrivain". "Mais la différence", avoue-t-il avec humour, "c'est que maintenant, des gens me lisent !".
Depuis le début de l'année, il reprend le temps d'écrire. Avant la publication de son roman, il avait d'autres projets en cours, en différents états d'avancements. Alors il s'est remis au travail et sait qu'il est attendu au tournant. Mais il essaye de se plonger dans une bulle pour ne pas penser à la pression. Et puis il lit beaucoup aussi. Il aime particulièrement les auteurs qui écrivent en français, car il est très attentif à la musique de la langue. Ses derniers coups de coeur ? "Kampuchéa" de Patrick Deville, "Des vies d'oiseaux" de Véronique Ovaldé et "Les yeux fous" de Mathieu Belezi. Il animera d'ailleurs avec lui un débat sur le thème des "souvenirs des guerres sans noms" à la fête du livre de Bron (Rhône) le 2 mars prochain.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.