Robert Combas : l'interview rock'n roll
"Vous m'emmerdez ! Si vous aimez ma peinture, c'est tout ce qui compte... Moi, foutez-moi la paix, j'ai rien à dire! Et arrêtez de me prendre en photo !"
Le ton est donné. C'est ainsi que Robert Combas accueille les journalistes venus le rencontrer à l'occasion de sa rétrospective "Greatest Hits" au Musée d'art contemporain de Lyon. On comprend d'emblée qu'on aura du mal à dialoguer avec l'artiste, mais on s'adapte et on lui court après pour lui soutirer quelques mots. Comment ressent-il le fait d'avoir un musée pour lui tout seul, la première grande rétrospective consacrée à son oeuvre ? "C'est pas assez !", répond-il en riant. Je dis ça parce qu'il avait beaucoup plus de tableaux à mettre, mais bon... Je sais pas comment le prendre, moi je ressens les choses après coup... Mais en France, on peut pas dire qu'on me met le tapis rouge !"
Son travail serait-il donc mieux considéré à l'étranger ? On perçoit en tout cas qu'il se sent snobé par l'intelligentsia parisienne et qu'il en souffre. Il y a peut-être aussi l'amertume d'avoir été un peu oublié après avoir connu un succès aussi fulgurant dans les années 80. Lui qui se considère comme "un travailleur qui donne beaucoup" se dit "souvent déçu par les gens car ils ne donnent pas", ce qui le plonge dans un "pessimisme total". Misanthrope, Robert Combas ? Par intermittence, sans doute : "il y a des jours où je hais les gens et des jours où je les aime". Et nous, les journalistes, vous nous aimez ? "Hum... Moyen !" avoue-t-il en riant.
"Ma peinture, c'est du rock" !
Véritable passionné de rock, Combas a été emballé par l'idée d'une expo montrant que peinture et musique convergeaient dans son oeuvre, lui qui se plaît à dire : "Ma peinture, c'est du rock !" Dès 1978, à l'âge de 21 ans, il fonde le groupe "Les démodés", avec Ketty Brindel et Richard Di Rosa (frère de Hervé). Lorsqu'il quitte Montpellier pour tenter sa chance à Paris, il emmène avec lui deux petites valises : l'une remplie de ses dessins, l'autre de 45 tours. Cette fameuse valise décorée par ses soins et pleine de vinyles est d'ailleurs présentée dans l'exposition. Phil Spector, le Velvet Underground, David Bowie, les Beach Boys... A ce jour, sa collection compte plus de 7000 disques ! Alors oui, il confirme : "la musique est essentielle dans ma vie. Mais en fait, je n'écoute plus de musique depuis que j'en fais moi-même".
Depuis deux ans, en effet, l'artiste a remonté un groupe, "Les Sans-Pattes", avec son ami Lucas Mancione, musicien et plasticien, et le bassiste Pierre Reixach. Une quarantaine de titres sont déjà en boîte et peut-être d'autres naîtront durant l'expo car l'atelier dans lequel Combas s'est installé pour deux mois fait aussi office de studio d'enregistrement. Quand il délaisse ses pinceaux, l'artiste joue de la guitare ou du piano et chante ses compositions.
Robert Combas aux claviers au MAC de Lyon
Un artiste méfiant avec les médias
Justement, peut-il nous préciser ce qui va se passer dans cet atelier installé à son attention au sein du musée ?
"Ah non ! ça suffit, j'ai déjà répondu à ça... Vous n'avez qu'à lire les papiers qui ont été écrits là-dessus... Y'en a plein !" Dommage, on pensait avoir tissé un semblant de relation, mais l'artiste reste toujours sur ses gardes, sans doute à cause d'expériences malheureuses avec les médias. "Je suis souvent déçu par les articles sur moi. Même chose avec les photos : l'autre fois, il y a un mec qui a fait des super photos et dans son article, il a mis des photos de merde qu'il a retouchées, en plus !"
On s'arrêtera donc là. De toute façon, l'artiste, qui ne tient pas en place, s'est déjà esquivé. Robert Combas n'est pas loquace mais son oeuvre parle pour lui. Et elle est riche, intense, foisonnante et unique. Une rétrospective à ne pas manquer.
Robert Combas "Greatest hits" au Musée d'Art Contemporain de Lyon du 24 février au 15 juillet 2012
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