"Rien ne s'oppose à la nuit", ni au succès du dernier Delphine de Vigan
Et ce n'est que justice. Que nous raconte l’auteur de "No et moi", dans son style fluide, simple et direct qui a déjà fait ses preuves ?
L’histoire de sa mère, splendeur blonde à vingt ans qui se suicida à 61 ans après avoir réchappé d'un cancer. Entre ces deux dates, une vie ravagée par les troubles bipolaires. Et l’auteur rend à merveille une mère fantaisiste, créative, surprenante : la meilleure des mères, en phase haute. Puis une marâtre dépressive, crainte et fuie par ses filles: la pire des mères, en phase basse.
Tombeau pour une mère qui préféra "mourir vivante"
Quitte à à "détruire une à une les barrières de protection", à défaire « son propre périmètre de sécurité » et à faire voler en éclats les tabous et les non-dits, la narratrice va plus loin, dans les secrets de familles. En commençant par déconstruire la figure du grand-père maternel , publicitaire toujours à la limite de la faillite, cassant avec ses fils et trop caressant avec l'aînée de ses filles.
Avec son épouse, gaie, vive et optimiste en dépit de tout, il eut six enfants, dont l'un adopté. Trois moururent jeunes de mort violente, suicide ou accident. Le petit-dernier fut la mascotte de la famille, adoré par tous. Qu'il fût trisomique ressouda le noyau familial contre l'extérieur.
Que dire de ce livre qui rend à merveille la raideur des années 50 et 60 comme le parfum des seventies, années libératrices et parfois mortelles pour les plus fragiles ?
Corde lancée vers une morte, qui emporta dans sa tombe certains de ses mystères, "Rien ne s'oppose à la nuit » frappe au cœur et à l’estomac. Et figure à juste titre dans la plupart des sélections des prix littéraires. Gageons que les jurys ne laisseront pas échapper ce livre émouvant et tendu, vibrant éloge de celle qui préféra, "au bout du rouleau", "mourir vivante".
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