"Le sale boulot" de Marc La Molla : récit choc d'un policier au bord du suicide
Marc La Molla fait partie de ces gens qu’on dit idéalistes et qui font leur métier par vocation. Né en 1964 à Marseille, Marc a grandi dans les quartiers nord de la ville au sein d’une famille italienne. Plus tard, il accompli son service militaire au sein de la Gendarmerie nationale en tant que pompier volontaire. En 1992, il entre dans la police, d’abord dans les commissariats puis au service de protection er de sécurité du métro. Pour des raisons familiales, il est ensuite muté à Vitrolles au sein de la fameuse BAC, la Brigade anti-criminalité. C’est là en 2002 qu’il blesse pour la première fois un homme qui le menaçait avec une arme. « On est préparé à tirer, pas à supporter ce que cela fait » confie t-il car cet événement sera tout sauf un détail dans sa vie. Il vient augmenter son malaise et une souffrance dont il ne montre rien. Pour ses collègues, Marc La Molla était « un leader, le meilleur flic avec qui j’ai jamais travaillé » confie l’un d’entre eux, « Un guerrier sur le terrain et très fort en procédure ». Mais le guerrier craque et décide de se suicider le 14 février 2011. L’arrivée inattendue de sa femme l’empêchera d’aller au bout de son geste. Si son désespoir est évident, il laisse de glace sa hiérarchie. Quand Marc La Molla reprend le travail après avoir soigné sa dépression, il trouve sa note dégradée et comme seule appréciation, cette formule : « abandon de poste ». De quoi justifier les mots très durs du policier contre l’institution : "La police, cette salope ! Cette garce ! Elle m'a trompé, elle m'a dupé. Je n'aurais jamais cru qu'elle me laisse tomber ». Avec de tels sentiments, on aurait facilement compris que Marc La Molla quitte la profession. Il n’en est rien. Il travaille aujourd’hui dans les bureaux de l'état-major de la direction départementale de la sécurité publique. Il s’occupe notamment des victimes dans un commissariat des quartiers Nord. Des victimes qui se trouvent des deux côtés de la barrière…
Quelques chiffres….
Selon un rapport de l’Inserm datant de 2010, le risque suicidaire est plus fort de 36% dans la police que dans le reste de la population. De 1998 à 2010, 590 policiers se sont suicidés dont 60% avec leur arme de service. On a compté 30 suicides dans la police en 2010, 42 en 2009, 47 en 2008. Mais ce phénomène n’est pas récent. C’est en 1996 que le nombre de suicides a vraiment explosé avec 70 policiers qui se sont donné la mort. L’onde de choc avait conduit à la création d’un service de soutien psychologique opérationnel. L’histoire de Marc La Molla (qui, au plus fort de sa détresse, avait laissé un message sur le répondeur du psychologue de la police) montre hélas que cette réponse n’a pas été et reste encore insuffisante.
"Le sale boulot" de Marc la Molla. 174 pages, 15 euros. Ce livre n'est pas en vente directe. On peut se le procurer sur commande à l'adresse suivante : marc.lamola@sfr.fr
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