"Le peuple veut" ou l'empreinte culturelle des révolutions arabes
Ben Ali, Moubarak, Kadhafi (…) Du Maghreb au Machrek en passant par la péninsule arabique, un souffle politique nouveau emporte l’un après l’autre des régimes autoritaires et fossilisés que l’on croyait immuables.
Témoins, acteurs et parfois prophètes
Les artistes sont à la fois les témoins, mais aussi les acteurs et parfois même les prophètes de ces révolutions. Ainsi « L’immeuble Yacoubian » écrit par l’égyptien Alaa al-Aswani, et porté au cinéma en 2006 par Marwan Hamed, pressentait déjà l’effondrement du modèle égyptien.
"... Ce n'est pas la fonction de la littérature de changer la situation politique. La littérature change l'être humain, nous rend des êtres humains et ce sont ces êtres humains changés positivement par la littérature qui peuvent changer la situation..." Alaa al-Aswani
Un vent de liberté
Dès le printemps 2010, nombre de festivals ou rencontres culturelles ont choisi de porter leur attention et leur regard sur ces peuples en mouvement. En France, le printemps arabe a soufflé sur les scènes du festival d’Avignon, envahit les murs de Visa pour l’image à Perpignan, irrigué les vers des poètes à Sète, bouleversé les programmes de festivals consacrés au 7ème art comme « Cinemed » à Montpellier, ou créé de nouveaux rendez-vous avec « Le Printemps du cinéma arabe » inauguré en septembre dernier à Paris et le premier festival du film arabe de Cherbourg.
Le Peuple veut
Yémen, Syrie, Bahreïn, Koweït, Arabie Saoudite (…) autant en emporte ce vent.
Ce que le peuple veut, ces régimes en font l’amère expérience. Ce sont les murs qui, bien souvent, portent les revendications de la rue, comme avec cette affiche du président Ben Ali sous-titrée « Game Over ». « Le Peuple veut » est le titre d’une exposition itinérante organisée par l’Ecole supérieure d’arts et Médias de Caen, en partenariat avec le Centre du graphisme d’Echirolles, l’Institut supérieur des arts et métiers de Sfax (Tunisie) et l’Ecole supérieure des beaux-arts visuels de Marrakech (Maroc). Après Sfax, Sousse, Caen, Paris, Saint-Ouen, Marrakech et Toulon, l’exposition est visible du 24 novembre au 23 décembre 2011 à Echirolles près de Grenoble, avant de partir pour Besançon, Evry, Annecy, Varsovie (Pologne), Turin (Italie) et Aman (Jordanie).
Echanges de regards
Et nous, comment percevons-nous les évènements qui secouent le monde arabe ? Sommes-nous victimes des clichés traditionnels et de
raccourcis idéologiques ? Sommes-nous tous des égyptiens, comme il y a un demi-siècle, nous prétendions être des Berlinois ? C’est la question que pose cet artiste égyptien, installé à Lyon, mais dont les clichés ont fait le tour de la place Tahrir.
Et maintenant, on va où ?
A l’heure où dans les urnes, ces révolutions débouchent, sur la formation d’un islam politique à travers la montée en puissance des partis islamistes, les artistes et leurs œuvres peuvent nous permettre de mieux appréhender ces bouleversements historiques, sans tomber dans la caricature, et en étant assurés qu’ils se battront jusqu’au bout pour sauvegarder cette liberté d’expression qui leur a si longtemps fait défaut. Nous nous devons de les soutenir et de les y aider, car nous sommes tous des Egyptiens.
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