"Eloge littéraire d'Anders Breivik" la nouvelle provocation de Richard Millet
Fin août, l'écrivain - et éditeur chez Gallimard - Richard Millet publiera "Langue fantôme : essai sur la paupérisation de la langue" suivi d'un "Eloge littéraire d'Anders Breivik" (éditions Pierre-Guillaume de Roux).
Interrogé sur ce dernier titre ouvertement provocateur, Richard Millet nous a répondu qu'il était "ironique". Le titre, peut-être. Le texte, lui, ne l'est guère. Si l'auteur condamne "les actes" du tueur norvégien, "soldat perdu", selon lui, "d'une guerre qui ne dit pas son nom", il approuve ses combats contre l'immigration "extra-européenne" et contre la social-démocratie.
L'essayiste trouve aussi "des analyses pertinentes de la perte de l'identité nationale" dans le manifeste de 1518 pages intitulé "2083. Une déclaration d'indépendance européenne", qu'Anders Breivik avait envoyé par courrier électronique à un millier de destinataires, juste avant le premier attentat.
Pour Richard Millet, qui voit en l'expression "islamisme modéré" une "illusion oxymorique" (une impossibilité), Breivik "nous rappelle qu'une guerre civile" - pas moins - "est en cours en Europe". "Une Europe qui, déplore-t-il, "a renoncé à l'affirmation de ses racines chrétiennes". Sa conclusion : "dans cette décadence, Breivik est sans doute ce que méritait la Norvège".
Ecrivain peu connu, éditeur influent
Qui est Richard Millet, l'auteur de ces pages violentes ? Un écrivain de 59 ans qui s'est engagé à vingt-deux ans dans les Phalanges (chrétiennes) libanaises, (1975-1976), pendant la guerre du Liban.
S'il est peu connu du grand public, malgré de nombreux romans, il compte à son actif, comme éditeur chez Gallimard, au moins deux Goncourt récents, L'Art français de la guerre d'Alexis Jenni (2011) et surtout Les Bienveillantes de Jonathan Littell (2006), ce long récit par un nazi des atrocités de la seconde guerre mondiale.
Son livre fera-t-il scandale ? Nul doute que l'auteur, qui se présente comme un "des écrivains français les plus détestés" dans un autre ouvrage à paraître au titre explicite ("De l'antiracisme comme terreur littéraire"), en sera positivement ravi.
D'autant que Richard Millet n'en est plus à une polémique près. Il avait ainsi soulevé l'indignation des Inrocks en déclarant sur France Culture, le 11 juin 2011, “quelqu’un qui à la troisième génération continue à s’appeler Mohammed quelque chose, pour moi, ne peut pas être français.” D'autre propos à cette même émission avait soulevé le coeur de la romancière Nicole Caligaris, qui avait publié une tribune dans Le Monde.
L"Eloge d'Anders Breivik" paraîtra un mois après le premier anniversaire de l'attentat d'Oslo et de la tuerie d'Utoya qui firent 77 morts - pour la plupart des jeunes travaillistes participant à l'université d'été de leur mouvement. La parution coïncidera avec le moment où le verdict devrait être rendu (le 24 août) par la justice norvégienne, après le long procès du tueur d'extrême-droite de 33 ans, inconnu il y a un an.
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