Quand Jacques Prévert collait des images...
J'ai croisé Jacques Prévert à plusieurs reprises. Son esprit, plutôt, puisque j'avais deux ans seulement quand il a disparu. Dans mon enfance, la Hague était un terrain de jeu plein de surprises, de plages et falaises improbables, de champs d'un vert flamboyant, gorgés d'iode et d'eau, en toute saison. Il y avait là le plus petit port de France, et en retrait, un petit village. On laissait la voiture à côté de l'église, et on se rendait dans le petit cimetière autour de l'édifice. Il y avait là une tombe qui réconciliait l'athé et le chrétien : une pierre de granit à la taille brute, un nom peint en vert : Jacques Prévert. Des pierres, au sommet, des fleurs sauvages tout autour. En poursuivant le chemin, à pied, on arrivait à une maison semblable aux autres, sauf pour son jardin : des plantes exotiques, des variétés exubérantes, des fleurs, des chaises invitant au repos : c'était la demeure du poète. L'envie prenait de découvrir son oeuvre...
Les poèmes de Jacques Prévert n'étaient pas encore au programme de l'école, c'est à la maison que j'ai découvert son premier recueil, "Paroles". L'ouvrage était magique. Mes parents sillonnaient les "vendues", les petites ventes aux enchères de villages, et achetaient des lots, des cartons remplis de livres. lls découvrirent un jour un trésor: dans un exemplaire de "Paroles", figurait une dédicace de l'artiste en personne à un ami. A côté, un de ces fameux collages...
Rien de tel pour vouloir, encore, découvrir les poésies de Prévert. Et c'est une chance, car son art réconcilie avec la création : à la fois simple et malin, rêveur et contestataire, rebelle et tendre. Les collages, quand à eux, donnent à voir en images tout l'esprit de l'écrivain.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.