Quais du polar : Clare Mackintosh et Sebastian Fitzek, deux voix du polar à Lyon
Clare Mackintosh et Sebastian Fitzek font partie des 115 écrivains de 22 nationalités différentes qui sont invités ce week-end à Quais du polar. Tous deux participent pour la première fois à ce festival qui se veut le numéro un du genre en Europe, et qui attend 80.000 visiteurs. Sa 13e édition d'ouvre cette année aux musiciens et aux mélomanes et se penche, présidentielle oblige, sur les thèmes du pouvoir et du politique.
"Quand j'étais policière, j'aimais déjà écrire, donner une voix aux victimes, aux témoins, pour mieux restituer un crime", explique à l'AFP Clare Mackintosh. "Écrire m'aidait à soumettre un dossier au juge. Maintenant, les lecteurs sont mes juges", plaisante la jeune femme, prix Cognac du meilleur roman policier étranger en 2016 pour son premier livre, "Te laisser partir" ("I Let You Go"), qui a conquis un million de lecteurs dans le monde, dont plus de 700.000 au Royaume-Uni.
Clare Mackintosh, ex-flic et auteure de polars
Ce polar psychologique à l'atmosphère oppressante, qui met en scène un enfant tué par un chauffard prenant la fuite, a été tiré en France à 35.000 exemplaires chez Marabout et autant en Livre de poche. Après cette tragédie, le passé ressurgit et provoque une cascade de drames - polar oblige."A mes débuts dans la police, j'ai été confrontée à un crime semblable à Oxford. Cela m'a profondément marquée. L'idée du livre est née vingt ans plus tard, quand j'ai moi-même perdu un enfant."
"Je m'étais toujours demandé comment la mère parvenait à survivre. Et le chauffard, jamais retrouvé, comment pouvait-il se regarder dans la glace ?", raconte celle qui a quitté la police au bout de 12 ans pour élever ses trois enfants, avant de se lancer dans le journalisme puis le polar.
Un deuxième roman sur un prédateur qui suit une femme dans le métro
"Je peux vivre aujourd'hui de ma plume", se réjouit la romancière, installée désormais au Pays de Galles. "Te laisser partir", dont les droits ont été cédés en 33 langues, a eu jusqu'ici moins de succès en France mais Clare Mackintosh estime que son deuxième roman, "Je te vois" ("I See You"), est "plus universel". De la graine de best-seller, tiré à 125.000 exemplaires au Royaume-Uni et 20.000 en France où il vient de paraître. Les droits ont été cédés en 27 langues. Le lecteur y suit la traque diabolique d'une femme par un prédateur invisible qui joue au chat et à la souris avec les passagères du métro londonien."Cela parle à toutes les femmes. La peur d'être suivie, harcelée... L'idée m'en était déjà venue à Paris où, jeune, j'ai travaillé en faisant le même trajet chaque jour. Quelqu'un d'autre le sait. Il t'observe. Peut-être un violeur, un assassin..."
Sebastian Fitzek, "intéressé par les victimes"
Pour le Berlinois Sebastian Fitzek, ancien homme de radio dont les thrillers psychologiques frôlent parfois l'horreur, "le lecteur aime choisir ses peurs"."Je suis surtout intéressé par les victimes. Comment la cruauté change leur vie", explique à l'AFP cet admirateur de Stephen King. "Je n'écris pas des romans avec une trame policière classique."
"Ce qui me fascine, ce sont les abysses du cerveau, jusqu'où nous entraîne l'inconscient, les manipulations mentales", ajoute ce quadragénaire maître du suspense qui terrorise son public avec des schizophrènes, serial killers ou scientifiques pervers.
Une anecdote qui se transforme en polar
Et les fans en redemandent : 8 millions de livres vendus outre-Rhin, déjà 250.000 (L'Archipel, le Livre de poche) en France où neuf de ses romans ont été traduits jusqu'ici, dont son best-seller "Thérapie" en 2008, publié dans 23 pays, et "Le Somnambule", sorti en mars. Une plongée dans la folie, un cauchemar éveillé. Ce que le héros va découvrir dépasse tout ce qu'il pouvait imaginer.Comment naît un roman ? "Ce peut être un article de journal ou une anecdote qui se transforme en 'Et si...'". Et si ce livreur qui me confie un paquet pour un voisin n'était pas celui qu'on croit. Et encore moins le voisin... "C'est à moi d'imaginer la suite."
Son roman "L'Inciseur", écrit avec un médecin légiste, a été adapté au cinéma.
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