: Vidéo Goncourt : pour Leïla Slimani "il est temps" que les Marocains se rebellent contre "l'humiliation" faite aux homosexuels
La romancière franco-marocaine Leïla Slimani, nouveau prix Goncourt, a décrit vendredi, sur France inter, comment "une législation moyenâgeuse" maintient les Marocains "sous une chape de plomb", après l'arrestation de deux jeunes femmes mineures qui seront jugées pour homosexualité.
"Je pense qu'il est temps que les citoyens prennent ça en main, se rebellent contre ça." Interrogée vendredi 4 novembre sur France inter après l'arrestation de deux jeunes femmes mineures qui seront jugées pour homosexualité, Leïla Slimani appelle les Marocains à se rebeller.
"L'humiliation du citoyen, et le fait de le maintenir sous une chape de plomb, favorise un système politique qui est celui de l''hogra', l'humiliation, et l'abus de pouvoir", explique la romancière, interrogée sur l'arrestation à Marrakech de deux femmes âgées de 16 et 17 ans, Sanaa et Hajar, surprises en train de s'embrasser (l'homosexualité est punissable de six mois à trois ans de prison au Maroc).
"Une législation moyenâgeuse"
"La législation au Maroc est complètement moyenâgeuse, complètement déconnectée de la réalité", a ajouté la Franco-Marocaine, qui a reçu jeudi le Goncourt, le plus prestigieux prix littéraire francophone, pour Chanson Douce (Gallimard). "Il y a des normes qui interdisent les relations sexuelles hors mariage, qui interdisent l'homosexualité, qui pénalisent l'adultère. Et il y a des pratiques qui sont complètement à l'inverse de ces normes", a fait valoir la lauréate.
Il ne faut pas être hypocrite, on sait très bien que les Marocains ont une vie sexuelle hors du mariage, et c'est très bien, qu'il existe des homosexuels.
"Imaginer une femme qui ne soit à personne"
"On maintient cette dichotomie, on maintient ce fossé parce que ça arrange le système, ça arrange certains, a expliqué la romancière. Cela n'a aucun rapport avec la religion. Beaucoup d'imams, beaucoup de théologiens extrêmement éclairés vous expliqueront que ça n'a aucun rapport, a-t-elle ajouté. La question, c'est la question des droits de l'Homme, des droits sexuels, de la dignité et, en particulier, la dignité du corps de la femme."
Pour Leïla Slimani, il faut "imaginer une femme qui ne soit à personne, qui ne soit ni une mère, ni une sœur, ni une épouse, mais une femme et un individu à part entière".
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