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Succès du prix Goncourt 2020 : "Mon livre est tombé totalement en écho avec ce que vivaient les gens", explique Hervé Le Tellier

L'écrivain estime que son roman, "une lecture du monde un peu étrange, une sorte de dystopie", est entrée en résonance avec le confinement et l'épidémie de Covid-19 vécue par les Français.

Article rédigé par franceinfo
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L'écrivain Hervé Le Tellier, en novembre 2020. (THOMAS SAMSON / AFP)

L'anomalie, prix Goncourt 2020 est en train d'affoler tous les compteurs. Le roman d'Hervé Le Tellier, publié chez Gallimard, est le deuxième livre le plus vendu en 2020 avec plus de 400 000 exemplaires. Il pourrait même s'écouler à 800 000 exemplaires, selon les projections, après une quinzième réimpression, devenant ainsi le deuxième Goncourt le plus lu de l'Histoire (derrière L'amant de Marguerite Duras). "Mon livre est tombé totalement en écho avec ce que vivaient les gens", explique Hervé Le Tellier mercredi 6 janvier sur franceinfo.

franceinfo : Si on vous avait dit, il y a quelques mois, que vous seriez un des Goncourt les plus populaires de la décennie, qu'auriez-vous répondu ?

Hervé Le Tellier : Déjà, si on m'avait dit que j'aurais le prix Goncourt ! Je ne pensais pas que c'était une possibilité à envisager... Mais il s'est trouvé une sorte d'alignement de planètes qui fait que les librairies ont rouvert, le Goncourt a été reporté, et donc il n'y a pas eu une ruée, mais il y a quand même beaucoup de gens qui se sont précipités dans les librairies dès leur réouverture.

"Le bonheur des uns faisant le malheur des autres, le nombre de titres sur lesquels les choix se font est de plus en plus resserré, et donc ça profite à ceux qui sont les plus visibles."

Hervé Le Tellier

à franceinfo

Et évidemment, le prix Goncourt est le plus visible. Je suis donc l'un des bénéficiaires de ce phénomène de resserrement des choix, c'est à la fois très heureux pour moi et un petit peu malheureux.

Votre roman est assez inclassable mais son intrigue se déroule dans une dystopie. Il est d'actualité, finalement ?

C'est vrai, mais il faut se souvenir que ce livre a été écrit en 2019 et que j'en ai eu l'idée fin 2018. Mais il est tombé, d'une certaine manière, en résonance avec une situation totalement anormale qui était celle que vivaient tous les Français, qui était celle du confinement, celle d'une sorte de déréalisation. Et comme je proposais une lecture du monde un peu étrange, une sorte de dystopie, une sorte de proposition de réflexion sur la manière dont on vivait, c'est tombé totalement en écho avec ce que vivaient les gens.

On a beaucoup parlé du géant du commerce en ligne Amazon et, au final, le secteur du livre papier s'en sort plutôt bien.

Oui, je pense que le livre papier a encore des beaux jours devant lui, contrairement à tout ce qu'on a pu prévoir. Moi aussi, j'étais très inquiet il y a une dizaine d'années avec l'arrivée des liseuses, je me suis demandé si ce n'était pas la fin d'un certain mode de lecture. Et en fait, non, ça n'a pas réussi véritablement à prendre. Pour ma part, je continue à lire des livres parfois sur liseuse, mais c'est juste que je suis pris par le temps, je n'ai pas le temps d'aller chercher les livres donc je les commande. Mais je pense que le livre papier a encore toutes ses chances.

Ce qui explique ce succès, c'est l'attachement aux livres mais aussi aux libraires ?

Bien sûr, les libraires jouent un rôle décisif pour les choix de livres. C'est pourquoi leur fermeture pendant le confinement a été dramatique parce que les choix se sont resserrés sur les livres dont on parlait, qui ne sont pas forcément les livres les plus intéressants de la rentrée. Donc, il y a eu beaucoup de livres qui sont passés à l'as. Le libraire a ce rôle d'orienter le lecteur, parce qu'il connaît à la fois ses livres et il connaît ses lecteurs. Les libraires indépendants jouent ce rôle extrêmement important de conseils, d'orientation, et de prescription même parfois.

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