Michel Polnareff déballe (presque) tout dans "Spèrme"
Michel Polnareff se décrit très bien lui-même, dans cette deuxième autobiographie qui paraît douze ans après la première : "Je suis un paradoxe permanent : fascinant et fasciné, excessif et ordinaire, solide et fragile, porté et détruit par l'amour ". Un artiste de 71 ans dont la carrière couvre un demi-siècle d'histoire de la musique, un chanteur qui n'a de cesse, tout au long des 200 pages de son autobiographie, de citer cette chanson brandie comme un étendard : Je Suis un Homme .
Le succès, l'exil, le retour, les vexations, les provocations... Polnareff déballe tout, dans une opération de communication savamment orchestrée puisque, dans ce livre, il est aussi beaucoup question de son retour, de cet album attendu dans quelques semaines et de la tournée géante qui s'ensuivra.
La paternité, le coeur du "problème"
Le jeu de mots du titre de l'autobiographie est très "polnareffien", un mélange entre sperme et père, pour aborder l'un des sujets les plus touchants du livre : la paternité. Son enfance d'abord, qu'il a souvent évoquée, sous le joug d'un père tyrannique, le compositeur Léo Poll. Dans l'appartement familial de la rue Oberkampf, Michel subit les coups de son géniteur, l'obligeant à pratiquer le piano pendant des heures. C'est bien simple, écrit-il, "aujourd'hui mon père aurait fait de la prison pour ce qu'il m'a infligé ". "Etre tout le contraire de mon père " est d'ailleurs le titre du premier chapitre de cette autobiographie.
Le chanteur revient aussi sur sa propre paternité, ce fils qui lui a en quelque sorte été volé : ce n'est qu'après sa naissance il y a cinq ans que sa compagne, Danyellah, lui a avoué qu'il n'était pas le père. Polnareff écrit s'être senti "humilié, sali, méprisé ", surtout quand il a fallu l'annoncer publiquement. Pourtant, aujourd'hui, l'homme est apaisé et considère bien le petit Louka comme son fils ; la petite famille habite sous le même toit à Los Angeles.
Amoureux des femmes
Quoi de plus naturel que d'y revenir dans les grandes largeurs quand on a chanté L'Amour Avec Toi ... "Depuis toujours, elles sont ma source d'inspiration ", "J'ai fait ce métier pour elles " écrit-il, avouant au passage qu'il a découvert le sexe avec une prostituée, une "Algérienne aux dents en or ". Le succès a amené la voracité, le désir surmultiplié d'un homme qui pendant longtemps ne pensait qu'à toutes les occasions manquées quand il entamait une relation exclusive. Mais attention, conclut-il, "aujourd'hui je ne suis plus sur le marché ".
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On découvre aussi un homme blessé à de multiples reprises : "Je dérange parce que je suis différent ", écrit Polnareff. Il revient longuement sur l'escroquerie à l'origine de son départ aux Etats-Unis, en 1973. Son homme de confiance, Bernard Seneau, "la plus grande erreur de ma vie ", avait siphonné ses comptes. Polnareff a quitté la France en colère, avec des accusations d'exil fiscal en toile de fond, ce dont il se défend encore avec force. Des années plus tard, il croisera la route d'un autre escroc, Christophe Rocancourt - "une poubelle n'en voudrait pas comme sac " -, une histoire qu'il raconte ici pour la première fois.
Polnareff, par Polnareff
"J'ai horreur des faux modestes, c'est pourquoi il n'y a aucune mégalomanie à ce que je reconnaisse avoir beaucoup de talent "... Michel Polnareff est un mélodiste de génie, premier Prix du Conservatoire et auteur de chansons inoubliables, et il le sait. Il parle de son "copain de racquet ball Brian Wilson, des Beach Boys ", ou encore des Beatles, dont il a battu le record d'affluence en tournée au Japon en 1975. "Je sais que mon oeuvre me survivra ", écrit-il.
Il est touchant lorsqu'il parle de sa mère décédée, de l'amour indéfectible de ses fans et du bonheur qu'il ressent alors qu'il s'apprête à redescendre dans l'arène. Officiellement, la machine Polnareff est relancée, les prochaines semaines seront décisives. Si l'on n'apprend rien de stupéfiant dans cette nouvelle autobiographie écrite de sa seule main, Michel Polnareff le jure : "Jamais plus je ne cèderai aux effets secondaires du vedettariat ". Dont acte.
Spèrme, de Michel Polnareff (éditions Plon). Autobiographie disponible.
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