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Martin Gray, l'auteur de "Au nom de tous les miens", est mort

L'écrivain est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à Ciney (Belgique), à deux jours de ses 94 ans. Dans l'œuvre la plus connue de l'auteur franco-américain, Martin Gray, pseudonyme de Mieczysław ou Mietek Grayewski, évoque en 1971 la perte à deux reprises de sa famille. Une première fois dans la tragédie de la Shoah, puis une seconde, lors de l'incendie de son habitation du sud de la France.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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L'écrivain Martin Gray, novembre 2004 à Brive-la-Gaillarde
 (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)
"Il a été retrouvé décédé dans la piscine de sa seconde résidence à Ciney. Le médecin légiste n'a relevé aucun élément suspect", a précisé un porte-parole du parquet de Namur, en confirmant la mort de l'écrivain d'origine juive polonaise né à Varsovie le 27 avril 1922.

Reportage : M. Berrurier / S. Lacombe

 

Polémique et succès

Martin Gray est connu pour son best-seller autobiographique sorti en 1971, "Au nom de tous les miens", rédigé avec l'écrivain français Max Gallo, dans lequel il raconte notamment son expérience du ghetto de Varsovie et son évasion du camp d'extermination de Treblinka -où sa mère et ses deux frères sont morts. Après avoir rejoint l'armée soviétique en 1944, il avait émigré en 1947 aux Etats-Unis, où il fit fortune dans le domaine des copies d'antiquités, avant de rejoindre le sud de la France dans les années 1960.

En octobre 1970, il avait vu son épouse Dina et leurs quatre enfants périr dans l'incendie de leur maison dans le Tanneron (Var). Il avait créé peu après une fondation Dina Gray, puis un centre international de jeunesse baptisé "Arche du futur", pour rendre hommage à son épouse décédée.

"Au nom de tous les miens", objet de polémiques car certains épisodes auraient été romancés, avait été adapté en 1983 en une fresque filmée de 2H30, puis décliné en téléfilm à succès, avec notamment l'actrice Brigitte Fossey dans le rôle de Dina Gray et Macha Méril dans celui de la mère du héros.

Alors que des doutes avaient ressurgi à la sortie du film sur son passage à Treblinka, Martin Gray maintenait qu'il avait bien vécu dans ce camp de la mort. "C'était comme si ma vie s'était déroulée devant moi. Ça a parfois été une épreuve", confiait-il après avoir visionné le long-métrage réalisé par le Français Robert Enrico. "Je sens maintenant que ces visages de tous les miens, de ma mère, de mon père, de mes frères, ne resteront plus enfouis dans le passé. Il sont debout, vivants, je sais qu'ils vont marcher à côté de chaque spectateurs".

Force de vie

Martin Gray "a incarné la tragédie de son siècle dont il a témoigné dans un récit qui a bouleversé le monde et connu un succès mondial", a déclaré la ministre française de la Culture et de la Communication, Audrey Azoulay, saluant en lui "un symbole de résilience".


"Martin Gray incarne une des facettes des survivants des camps. Il a aussi survécu à une tragédie qui l'a frappé après la guerre, la mort de sa femme et de ses enfants. Certains ont mis en doute le récit de +Au nom de tous les miens+, ce qui n'est absolument pas mon cas", a déclaré à l'AFP Serge Klarsfeld. "C'est un personnage chaleureux, qui exprimait une force de vie rarissime. Perdre deux fois sa famille et se retrouver seul, c'est quelque chose d'indicible. Il en est revenu et devant une telle vitalité on s'incline", a souligné Serge Klarsfeld.

"C'est un grand monsieur qui disparaît, surtout en raison des témoignages qu'il a apporté sur sa vie. C'est un exemple pour la jeunesse", a estimé le bourgmestre de Ciney, Jean-Marie Cheffert. Martin Gray avait été fait en 2013 "citoyen d'honneur" de Ciney, ville des Ardennes belges où il partageait son temps depuis 2012, en alternance avec la commune bruxelloise d'Uccle.

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