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Liao Yiwu a vécu l’enfer "Dans l’empire des ténèbres"

Il aura fallu 14 ans à Liao Yiwu pour parvenir à publier ce livre. «Dans l’empire des ténèbres» (Ed. François Bourin) est un cri. Le cri de souffrance d’un homme emprisonné pendant 4 ans dans l’un des camps de rééducation les plus durs de Chine. Un cri de rage. La rage de vivre et de survivre pour témoigner de ce qui fut son voyage au bout de l’enfer.
Article rédigé par Sophie Granel
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Liao Yiwu de passage à Paris pour présenter son livre "Dans l'empire des ténèbres".
 (AFP)

Reportage : J.M. Pitte / D. Reutenauer

Tout commence le 4 juin 1989. Les images d’étudiants désarmés faisant face aux chars place Tian An Men à Pékin, font le tour du monde. La répression sanglante du régime chinois fera des milliers de morts. Liao Yiwu, jeune journaliste et poète entre en résistance littéraire. Dans un poème intitulé « Massacre » il condamne de la plus belle des manières les agissements d’un pouvoir aveuglé par la haine. Il le paiera cher.

Catalogué "ennemi de la Révolution", il est condamné à 4 ans d’internement au Centre d’investigation de Songshan. Quatre années de tortures, d’humiliations et de privations qu’il dépeint dans son livre. Les détails qu’il donne, les anecdotes sont d’une telle cruauté, que notre conscience d’occidental a peine à y croire. Ainsi décrit-il les 108 « raretés de Songshan » sorte de menu des tortures que les détenus eux-mêmes doivent choisir d’infliger à leurs camarades. Tout est fait pour briser les prisonniers. Certains cèdent devenant à leur tour, bourreaux. Liao Yiwu lui, ne rompt pas. Durant toute sa détention il consigne précieusement ses souvenirs sur des lambeaux de papier.

Le retour à la lumière

Ses notes lui permettront à sa sortie de prison en 1995 de commencer la rédaction de son livre. Un premier jet est achevé fin 95, mais le manuscrit lui est confisqué par les autorités chinoises qui le détruisent. A trois reprises, Liao verra son œuvre réduite en cendres. Mais tel le phénix il recommence, réécrivant mot après mot la vie qu’on lui a volée. Au final Liao Yiwu aura mis 14 ans à terminer son manuscrit, qu’il dissimule pour le soustraire à la censure. 

En 2011, il décide de fuir la Chine. C’est à pied qu’il parvient à passer la frontière sino-vietnamienne. Destination l’Allemagne où il est accueilli par la chancelière Angela Merkel. Un courage encore trop rare au sein des pays occidentaux à la fois terrifiés et fascinés par la puissance économique de la Chine. L’Occident a oublié Tian An Men. Liao Yiwu est là pour nous rafraichir la mémoire.
 

Liao Yiwu rencontrera ses lecteurs le mercredi 23 janvier vers 16h30 au Furet du Nord, Grand-Place à Lille.

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