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Les livres, la passion (plus si) secrète du Premier ministre Edouard Philippe

"J'ai lu bien des livres avant de me rendre compte que j'aimais lire", se souvient Édouard Philippe dans "Des hommes qui lisent", un essai à paraître chez Jean-Claude Lattès mercredi, au lendemain de sa déclaration de politique générale. Le Premier ministre avoue des goûts éclectiques dans ce livre à la fois personnel et pudique dédié à son père Patrick, professeur de français disparu en 2014.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le Premier ministre Edouard Philippe, en juin 2017.
 (Bertrand Langlois / AFP)

Que lit le Premier ministre ?

"Lorsque je regarde ma bibliothèque, je vois ce que j'ai appris et une bonne partie de ce que j'aime." écrit Edouard Philippe. Et que lit il ? "Des romans, des essais, des manuels, des bandes dessinées, le tout mélangé, mûri et oublié, redécouvert et discuté": le Premier ministre avoue des goûts éclectiques, de Fernand Braudel à Pierre Desproges.

A six ans, l'année où l'on apprend à lire, Patrick Philippe demanda à son fils Édouard de lui lire la première page de "L'Enfer" de Dante. "Il va sans dire que j'ai ânonné sans comprendre les vers de Dante", reconnaît l'ancien maire du Havre.
N'empêche qu'il réussit sans coup férir son baptême de lecture à la "grande satisfaction" de son père.

L'amour des livres viendra plus tard avec la découverte en bibliothèque de "Va dire à Sparte", un classique de la littérature jeunesse de Roderick Milton. Quand Édouard Philippe raconte comment il fit la connaissance de ce livre on a l'impression
que c'était hier tant le souvenir en est prégnant.

Edouard Philippe ne prête jamais ses livres

Le virus de la lecture est une maladie dont on ne guérit pas. A cet égard, Édouard Philippe est incurable. Il avoue garder dans sa bibliothèque tous les livres qu'il a achetés ou qu'on lui a offerts. "Il n'en manque quasiment aucun, car jamais je ne les prête ni ne les jette".

Devenu maire du Havre en 2010, "une de mes premières annonces a été consacrée à la nécessité de lancer une politique ambitieuse de la lecture", rappelle-t-il.
 
Auteur, avec Gilles Boyer, de deux romans policiers, Édouard Philippe ne s'était jamais autant mis à nu dans un livre. S'il se prénomme Édouard raconte-t-il, c'est autant en fidélité à un ami de son grand-père Charles Philippe, le collectionneur Édouard Senn, qu'au personnage d'Édouard des "Faux-monnayeurs" de Gide.

Gaulliste revendiqué

C'est à cause de ses lectures que le jeune homme de gauche va passer à droite. Avec franchise, il écrit qu'on ne comprendrait rien à "l'idée coloniale" si "on se bornait à lire Frantz Fanon et qu'on ignorait volontairement les figures de
Lyautey ou de Charles de Foucauld".

Se revendiquant gaulliste, il reconnaît avoir aimé la biographie et les mémoires du général putschiste Hélie Denoix de Saint Marc mettant au défi quiconque "de ne pas être secoué par la logique imparable et le sens de l'honneur d'un bon nombre de putschistes d'Alger".

"Il faut lire Céline"

A ceux qui le jugeraient provocateur, Édouard Philippe répond qu'il veut inviter les lecteurs "à sortir de leur zone de confort littéraire". Dans un chapitre consacré à Céline, il explique comment pendant "très longtemps" il eut du mal à commencer "Voyage au bout de la nuit". C'est encore la figure tutélaire de son père qui "aimait les livres interdits dérangeants, incorrects" qui lui inspire cette réponse: "Oui, il faut lire Céline, et tout Céline, pour sa part de génie et sa part d'ombre".

Le fil rouge de cet essai est évidemment de faire le pari de la liberté et de l'intelligence du lecteur. Attention cependant, met en garde le Premier ministre, qui prononce mardi sa déclaration de politique générale, "personne ne sort indemne" de ses lectures. Et d'insister: "La part que prennent les livres lus dans les choix que l'on fait est souvent un mystère, mais elle est décisive."

Edouard Philippe, qui a commencé à écrire ce livre en 2011, a remis son manuscrit à son éditeur en janvier, avant sa nomination à Matignon. 

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