"Les eaux troubles du mojito" nouveau recueil signé Philippe Delerm
"Ce que je préfère, ce sont ces textes courts qui sont dévolus à la vie même et qui esaient de surpendre les gens avec ce qu'ils connaissent le mieux". Philippe Delerm était l'invité des Cinq dernières minutes du 13 Heures de France 2 ce lundi 7 septembre. Il a défendu ces petits moments de la vie, ces petits plaisirs qui adoucissent le quotidien.
"J'avais envie d'un recueil solaire", explique Philippe Delerm dans un entretien réalisé par l'AFP en prévision de la sortie en librairie, prévue le 20 août, de son nouveau livre, dont le sous-titre est "et autres belles raisons d'habiter sur terre".
Auteur d'une cinquantaine d'ouvrages mais essentiellement connu pour son recueil "La première gorgée de bière", paru en 1997 et qui s'est écoulé depuis à plus d'un million et demi d'exemplaires, Philippe Delerm reconnaît que son nouvel opus, publié au Seuil, est celui qui ressemble le plus au petit livre qui l'a fait connaître.
"En même temps, le temps et la vie passant il y a des textes un peu plus mélancoliques", explique l'écrivain qui se défend d'être "le ravi de la crèche" ou "l'écrivain du bonheur".
Parmi la quarantaine de textes qui composent le recueil, il y a ainsi "La mémoire de l'oubli", un texte consacré à sa belle-mère aveugle et atteinte de la maladie d'Alzheimer qui, l'espace d'un instant, va partager un moment empreint de tendresse avec le mari dont elle ne se souvient plus, par la grâce d'un impromptu de Schubert.
"Mélancolies obligatoires"
"Il y a des mélancolies qui deviennent obligatoires. On perd des gens qu'on aime, on voit vieillir des gens qu'on aime aussi", confie l'écrivain âgé de 64 ans. "En même temps, ajoute-t-il aussitôt, je suis grand-père de deux petits garçons. Vieillir c'est aussi avoir le privilège de côtoyer des enfants".Tout cela donne notamment le texte "Ses lèvres bougent à peine", où il raconte son émerveillement à voir son petit-fils Sacha, fils du chanteur Vincent Delerm, déchiffrer un livre avec sérieux et tâtonnements.
"Garder le goût de la lumière"
"J'ai envie de revendiquer le fait qu'il est nécessaire de garder une forme d'émerveillement et le goût de la lumière, justement parce qu'on a des tristesses prégnantes et un sentiment de fragilité qui devient un peu obsessionnel quand on vieillit", résume-t-il. "Il y a un enjeu de dire que la vie est quand même chouette, alors que globalement elle est de plus en plus difficile", ajoute ce grand lecteur de Jules Renard.Sa volonté de restituer des "fragments" de la vie est mise en exergue au début du volume, par une citation de son auteur fétiche : "Le vrai bonheur serait de se souvenir du présent." Or, par définition, le présent ne cesse de s'échapper et nous en avons la nostalgie alors même que nous le vivons, viennent rappeler les textes rassemblés dans le recueil de 128 pages.
Pastèque, spritz et mojito
Au fil de la lecture, il sera également question de tremper ses lèvres dans "le goût transparent" de la pastèque, de "danser sans savoir danser", se faire surprendre par une averse, de déguster un "spritz" sur une place perdue de Venise ou de reluquer, l'air de rien, une femme nouer ses cheveux.On croisera aussi le barde Assurancetourix, Tintin et Blake et Mortimer. Quant au mojito qui donne son nom au volume "c'est une métaphore de la sexualité", explique Philippe Delerm, "c'est une mangrove un peu inquiétante dans laquelle il va falloir plonger pour atteindre le plaisir", raconte-t-il.
"C'est un peu transparent", ajoute-t-il avec malice en confiant que ses textes d'apparences si sages sont "assez sexualisés, même s'il n'y a pas de sexe apparemment".
"Les eaux troubles du mojito et autres belles raisons d'habiter sur terre"
128 pages, 14,50 euros, Seuil
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