Le MAC de Lyon rend hommage à John Cage dans une expo sonore inédite
A l'occasion du centenaire de la naissance de John Cage (1912-1992), le Musée d'Art Contemporain de Lyon a souhaité lui rendre hommage à travers la passion que l'artiste américain éprouvait pour Erik Satie, un compositeur qu'il considérait comme "indispensable" et qui a grandement influencé son oeuvre. Selon Thierry Raspail, le directeur du musée, "Cage a inventé Satie, comme on le dit lorsqu'on découvre un trésor". Il a largement contribué à le faire connaître outre-atlantique, grâce notamment à un concert mémorable, en septembre 1963 à New York, où il organisa la première exécution exhaustive des "Vexations", l'une des oeuvres les plus inouïes de Satie, par une dizaine de pianistes durant près de 19 heures !
Une expo à entendre
Pour évoquer l'admiration d'un musicien pour un autre, le musée a pris le parti de proposer une "expo qui s'écoute ou qui s'entend" plus qu'elle ne se voit. Aussi, les documents visuels sont très limités et le décor très zen, minimaliste, avec seulement des partitions et des manuscrits de Cage affichés au mur, ainsi que des projections de ballets de Merce Cunningham, dont Cage fut l'ami et le directeur musical pendant de nombreuses années. L'intérêt réside avant tout dans "la mise en son", avec la diffusion, au premier étage, de 12 morceaux de Cage, répartis de façon aléatoire dans l'espace. Des chaises longues sont à la disposition des visiteurs pour profiter au mieux de ce "concert" insolite.
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Au deuxième étage, la scénographie est tout aussi dépouillée... On y découvre notamment la collection personnelle de John Cage de "souvenirs de Satie", ainsi que des oeuvres de Cage largement inspirées par le compositeur des "Gymnopédies".
A découvrir également, en parallèle à cette expo : les oeuvres de trois artistes américains qui s'inscrivent dans la même lignée que Cage, à commencer par La Monte Young, un musicien qui a tenté d'inventer "une musique éternelle et immobile". Sa "Dream house" ou "maison des rêves" est une expérience sensorielle insolite : un espace de 500 m2 baigné de lumière violette, de musique et de vapeurs d'encens, dans lequel on se déchausse pour entrer. Avis aux nostalgiques des années 60 et de la mouvance hippie !
George Brecht, lui, a été l'élève de John Cage à la fin des années 50. Artiste d'avant-garde mais aussi chimiste, il s'intéressait, comme Cage, au thème du hasard et de l'aléatoire. Le musée présente quelques-unes de ses oeuvres, notamment ses "Chair Events", des associations poétiques de chaises et d'objets.
Enfin, le MAC expose à l'extérieur deux oeuvres de Richard Buckminster Fuller, un architecte visionnaire et utopiste, ami de Cage. Créés dans les années 60, ses dômes en bois appartiennent désormais à la collection du musée.
Que retenir, au final, de ces nouvelles expo du MAC ? "Déroutantes" semble le terme adéquat car la musique et l'univers de Cage ne sont pas des plus accessibles. Les amateurs d'art conceptuel et de musique expérimentale seront comblés. Les autres resteront sans doute sur leur faim. On est en tout cas bien loin d'expos populaires et grand public comme celles consacrées à Combas, Warhol, Ben ou Keith Haring et qui ont fait un tabac au musée lyonnais ces dernières années. Le public sera-t-il tout de même emballé ? A voir... Réponse à la fin de l'année.
Cage's Satie : Composition for museum
George Brecht
La Monte Young et Marian Zazeela
Richard Buckminster Fuller
Au Musée d'Art Contemporain de Lyon
jusqu'au 30 décembre 2012
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